Programme court sur Canal+ à 20 h 25

Un Entretien, avec Benjamin Lavernhe - Teaser - CANAL+
Durée : 00:30

Canal+ nous réserve encore des surprises qui prouvent qu’elle n’a pas tout à fait perdu son ADN. Et principalement sur le programme court, pour lequel la chaîne cryptée possède un savoir-faire historique. Rappelons Les Deschiens, le JTN (les Nuls), Le Cinéma de Jamel, La Minute blonde, Bref… ou encore, les pastilles « SAV » et « Catherine et Liliane »…

Adapté du court-métrage du même nom (primé meilleur court-métrage au Festival de l’Alpe d’Huez 2016), Un entretien s’inscrit dans cette tradition. De l’humour tel qu’on l’aime, utilisé pour pointer des situations, des caractères humains et des rapports sociaux d’aujourd’hui, singuliers – mais universels. De quoi s’agit-il ? Comme le suggère en partie le titre, d’un « entretien »… d’embauche, qui met face à face le même directeur des ressources humaines (Benjamin Lavernhe) à un candidat différent, à chaque épisode. Prétentieux, farfelu, ennuyeux… les postulants se succèdent, élargissant une galerie de portraits auxquels nous avons tous été, un jour ou l’autre, ­confrontés, tandis que le DRH s’évertue à rester concentré, distrait par les pensées ­intérieures qui le traversent et viennent parfois même perturber ses échanges.

Subtil et jouissif

L’idée géniale de ce programme réside dans l’application formelle du concept qui le définit, à savoir le chevauchement d’un dialogue « in » (exprimé dans le champ) et d’un monologue « off » (hors champ). Ce décalage, qui fournit un merveilleux terrain à la drôlerie et à l’identification – lequel de nous, face un interlocuteur, ne s’est jamais livré à un soliloque intérieur ? –, s’accompagne, chez les comédiens, d’une gestuelle qui soumet au regard attentif un troisième niveau de lecture, subtil et jouissif.

Durant les trois minutes qui lui sont offertes, chacun des acteurs incarnant un candidat délivre un jeu dans lequel se condensent les traits nécessaires et justes du profil qu’il a à défendre. Enfin, Un entretien ne bénéficierait pas du même impact comique s’il ne mettait en scène, dans le rôle du DRH, un comédien tel que Benjamin Lavernhe, de la Comédie-Française – tout dernièrement nommé lors des Césars 2018 dans la catégorie « meilleur jeune espoir masculin » pour Le Sens de la fête. Il n’est qu’à regarder son visage et la façon dont il l’anime pour s’en convaincre.

Un entretien, de Julien Patry. Avec Benjamin Lavernhe (Fr., 2018, 10 × 3 min).