L’élu et opposant sénégalais Barthélémy Dias, proche du maire de Dakar, Khalifa Sall, était toujours en garde à vue, dimanche 1er avril, pour « outrage à magistrats », a-t-on appris auprès de son avocat.

Barthélémy Dias, maire d’une commune de Dakar et ancien député, avait été arrêté vendredi soir par la section recherches de la gendarmerie de Colobane, un quartier de Dakar, après la condamnation de Khalifa Sall à cinq ans de prison pour « escroquerie ». M. Dias se trouvait dimanche « toujours en garde à vue » dans cette unité, a dit à l’AFP son avocat, Me El Hadji Diouf.

Barthélémy Dias a été arrêté pour « outrage à magistrats, offense au chef de l’Etat et appel à l’insurrection. Ces délits ne tiennent pas. Il n’a outragé aucun magistrat et n’a pas insulté le chef de l’Etat. Il a simplement demandé la mobilisation pour dire non à la forfaiture », selon l’avocat, qui dénonce « un acharnement et une intimidation » : « On veut étouffer toute velléité de protestation » contre le pouvoir, estime-t-il.

« Des propos insultants »

Barthélémy Dias s’en était vivement pris aux juges après la condamnation du maire de Dakar. M. Dias « a tenu des propos insultants à l’endroit des magistrats. De tels propos constituent une atteinte intolérable à l’honorabilité des magistrats concernés et, au-delà, à la dignité de la justice tout entière », a écrit samedi le syndicat de la magistrature sénégalaise, l’UMS, dans un communiqué.

Barthélémy Dias et Khalifa Sall sont des dissidents du Parti socialiste (PS), membre de la coalition présidentielle. Ils font partie des responsables de ce parti exclus en décembre 2017 pour « violences, indiscipline et activités politiques concurrentes ».

Barthélémy Dias est un fervent partisan de Khalifa Sall, condamné vendredi à cinq ans de prison et plus de 7 600 euros d’amende pour « escroquerie sur les deniers publics et faux en écriture » sur un montant d’environ 2,5 millions d’euros. Il est reproché au maire de Dakar d’avoir, entre 2011 et 2015, retiré ce montant des caisses de la ville de Dakar sur la base de fausses factures pour acheter des denrées alimentaires qui n’ont jamais été livrées.

Khalifa Sall, 62 ans et en détention préventive depuis plus d’un an, impute ses déboires judiciaires à son statut d’opposant au chef de l’Etat, Macky Sall, qui, selon lui, l’a traduit en justice pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2019.