L’application de rencontres homosexuelles Grindr a été critiquée lundi 2 avril pour avoir laissé des entreprises tierces accéder à des données privées de ses utilisateurs, dont leur statut sérologique par rapport au sida.

« En tant qu’entreprise au service de la communauté LGBTQ [lesbiennes, gay, bi, trans et queer], nous comprenons à quel point la révélation d’un statut VIH peut être un sujet sensible », a reconnu l’un de ses responsables, Scott Chen, dans un texte diffusé sur la plate-forme Tumblr, admettant que cela pouvait susciter des « inquiétudes ».

« Notre but a toujours été de promouvoir la santé et la sécurité de nos utilisateurs », poursuit-il. Et de reconnaître que Grindr « travaille » avec des entreprises comme Apptimize ou Localytics, chargées de tester l’application et qui à ce titre en reçoivent des données.

Celles-ci sont « soumises à des clauses contractuelles strictes » de confidentialité, assure M. Chen, qui rappelle que les usagers peuvent choisir ou non de mentionner sur leur profil leur statut sérologique par rapport au sida et que c’est donc à eux d’être vigilants.

Tout en affirmant limiter les données partagées au strict nécessaire, Grindr reconnaît que, « parfois, celles-ci peuvent inclure des infos relatives à la localisation et au statut VIH ».

Informations personnelles identifiables

Selon le site d’information Axios, le chef de la sécurité de la firme, Bryce Case, a affirmé que l’application avait cessé de partager le statut VIH des usagers avec des entreprises tierces. Un chercheur du cabinet norvégien Sintef, dont le travail a été rapporté par BuzzFeed, toutes ces données partagées par Grindr rendent les personnes identifiables.

« Grindr n’a jamais vendu et ne vendra jamais d’informations personnelles identifiables – en particulier les données relatives au statut VIH ou à la dernière date de test – à des tierces parties ou à des annonceurs », se défend M. Chen.

« La confidentialité, ce n’est pas juste les numéros de cartes de crédit et les mots de passe. Partager des informations sensibles comme celles-ci peut mettre les Américains LGBT en danger », a réagi sur Twitter le sénateur démocrate du Massachusetts Ed Markey.

L’association de défense des droits numériques Electric Frontier Foundation a jugé « décevante » la réponse de Grindr. « Vous avez trahi la communauté LGBT », a commenté un internaute sous le texte de l’entreprise.

3,6 millions d’usagers actifs quotidiens

Fondé en 2009 et gratuit, Grindr, qui se qualifie de « plus grand réseau mondial de rencontres pour hommes gays », a été le premier à utiliser la technologie de la géolocalisation sur smartphone. Le groupe américain revendique 3,6 millions d’usagers actifs quotidiens.

Cette polémique survient alors que Facebook est cloué au pilori depuis plus de deux semaines, accusé de n’avoir pas protégé les données de plus de 50 millions d’utilisateurs, qui ont fini – par une application tierce – entre les mains d’une firme d’analyse de données qui les aurait utilisées à des fins politiques.