Le suédois Spotify, roi de la musique en streaming, a fait ses premiers pas en Bourse mardi 3 avril à New York, au moment où — hasard du calendrier — les valeurs technologiques connaissent une passe difficile sur les marchés, en particulier depuis le scandale Facebook/Cambridge Analytica autour de l’utilisation de données personnelles d’abonnés.

128 euros l’action

Vers 19 heures (heure de Paris), l’action évoluait à 158,05 dollars (environ 128 euros), en recul de 4,73 % par rapport au prix d’introduction, fixé à 165,90 dollars (environ 134 euros) un peu plus d’une heure plus tôt.

Ce prix d’introduction valorisait la société à 29,5 milliards de dollars (environ 24 milliards d’euros).

C’est bien plus que le « prix de référence » de 132 dollars (environ 107 euros) l’action fixé par le New York Stock Exchange la veille, un prix indicatif mais supposé donner une idée du futur prix de cotation de cette société dont les titres s’échangent désormais sous le symbole « SPOT ».

Davantage également que certaines estimations optimistes qui valorisaient ces derniers jours la société à plus de 20 milliards de dollars (environ 16 milliards d’euros).

« C’est incontestablement un succès pour le moment », a commenté Tom Cahill de Ventura Wealth Management.

Aucune fourchette de prix d’introduction n’avait été établie en amont de cette entrée en Bourse, contrairement au processus classique, en raison de la procédure atypique utilisée par Spotify, la cotation directe.

Cette procédure est simplifiée et moins coûteuse car sans intermédiaires. Elle est aussi plus imprévisible, le prix des titres n’étant pas fixé d’avance.

Elle permet en outre à la société, qui revendique 71 millions d’abonnés payants et 159 millions d’utilisateurs actifs à la fin de 2017, de ne pas lever de nouveaux capitaux.

71 millions d’abonnés, aucun bénéfice

Malgré le boom de l’écoute musicale en ligne, le groupe, qui a révolutionné ce marché, n’a jamais engrangé le moindre bénéfice. Le Suédois prévoit néanmoins un revenu en hausse de 20 à 30 %, entre 4,9 et 5,3 milliards d’euros en 2018. La société suédoise prévoit de ramener sa perte opérationnelle entre 230 et 330 millions d’euros, contre 378 millions en 2017.

Mais sa priorité à court terme, c’est le nombre d’abonnés, qu’il espère porter cette année au moins à 92 millions, pour maintenir la confortable avance sur ses concurrents, Apple Music, numéro deux (avec environ 36 millions d’abonnés), Google Music, Tidal, Deezer ou Amazon.

Le streaming, qui continue de redessiner le paysage de l’industrie musicale, continue en effet de croître et sert de locomotive aux ventes de musique, le succès de Spotify y étant pour beaucoup.

Mais cette ascension ne s’est pas faite sans contestation, beaucoup d’artistes lui reprochant notamment de reverser trop peu aux artistes.

En vue de cette entrée en Bourse, Spotify a conclu récemment un accord de participations croisées avec le chinois Tencent, ce qui préoccupe certains analystes qui s’inquiètent des liens entre Tencent et l’Etat chinois.