Le hall du centre EuraTechnologies à Lille le 24 juin 2013 au moment de l’annonce de l’ouverture de l’IBM Services Center à Lille (Nord). / PHILIPPE HUGUEN / AFP

« Un moment rare », « une nouvelle ère ». Nommé fin août à la tête de Business France, Pascal Cagni prêche pour son pays avec le zèle des nouveaux convertis. Ancien vice-président d’Apple Europe, plus habitué à entendre du « French bashing » que des louanges, il a rendu, mardi 3 avril, son premier rapport sur les investissements étrangers dans l’Hexagone. Du pain bénit pour le « marketeux » : les résultats, pour 2017, sont exceptionnels.

Au total, 1 298 projets ont été recensés. C’est 16 % de plus qu’en 2016 et du jamais-vu depuis dix ans. Le phénomène est d’autant plus marquant qu’un tiers de ces décisions sont le fait de nouveaux acteurs. L’« effet Macron » à Versailles, puis Davos (Suisse), a sans doute joué. Mais « c’est plus profond qu’un petit printemps post-élection », assure Pascal Cagni.

La plupart des secteurs industriels concernés

A la grande surprise du nouvel ambassadeur délégué aux investissements internationaux, ce sont les activités de production qui ont eu, l’an passé, les faveurs des entreprises étrangères. Elles concentrent à elles seules un quart de l’ensemble des investissements. Un renouveau essentiellement nourri par des implantations ou des extensions de sociétés allemandes, américaines, italiennes et belges.

L’une d’elles, Adwen, ancienne filiale d’Areva rachetée par Siemens, s’est engagée à construire deux sites de production de pales d’éolienne à proximité du Havre. Des équipements destinés aux champs de Dieppe-Le Tréport et d’Yeu-Noirmoutier dont la fabrication devraient, selon Business France, permettre de créer 750 emplois directs.

Industrie automobile, agroalimentaire, chimie, plasturgie, machines... La plupart des secteurs industriels sont concernés. Et c’est tout le territoire qui en profite. Le suédois Volvo a réinvesti à Vénissieux et Bourg-en-Bresse, l’allemand Sartorius Stedim Biotech à Aubagne, l’américain East Balt, qui fabrique des petits pains pour Burger King, à Brétigny-sur-Orge. Un site de fabrication de bus électriques de l’industriel chinois BYD a également vu le jour près de Beauvais.

« La meilleure porte d’entrée sur le continent européen »

Si les pays européens restent prédominants, ce sont les Etats-Unis qui sont redevenus en 2017 le principal pays investisseur et pourvoyeur d’emplois en France. Malgré les velléités protectionnistes du président Trump, ils se distinguent par leur présence dans l’innovation et la recherche et développement grâce aux géants mondiaux de la Tech comme Google ou Facebook, mais aussi IBM, qui a lancé à Lille un centre spécialisé dans la cybersécurité. « L’Asie, elle, ne représente aujourd’hui que 13 % des investissements étrangers en France », déplore Pascal Cagni.

« On n’a jamais eu un Etat aussi stratège qu’aujourd’hui et c’est ce qui va permettre de faire baisser le chômage », veut croire M. Cagni.

Au total, ce sont 33 489 emplois qui ont ainsi été créés ou maintenus en 2017 dans l’Hexagone, d’après Business France. « On n’a jamais eu un Etat aussi stratège qu’aujourd’hui et c’est ce qui va permettre de faire baisser le chômage », veut croire M. Cagni. Les entreprises étrangères représentent aujourd’hui 20 % des emplois et 30 % des exports, rappelle-t-il. « Avec le Brexit, les élections de mars en Italie et les difficultés pour former un gouvernement de coalition en Allemagne, la France est vraiment devenue la meilleure porte d’entrée sur le continent européen ».

L’année 2018 s’annonce-t-elle aussi bonne ? « On part de beaucoup plus haut, mais la situation est extrêmement favorable », estime le patron de Business France. « On va vivre une décennie comme on n’en a pas connu depuis 20 ou 30 ans ».