L’Assemblée nationale malgache a voté, mardi 3 avril, les lois qui régiront les élections générales, prévues à la fin de l’année, dans une ambiance rendue électrique par des accusations de corruption lancées par les députés de l’opposition. Ces trois textes, qui modifient notamment les règles de révision des listes électorales, de publication des résultats ou de candidature à la présidentielle, ont été successivement adoptés par une majorité serrée de 79 des 151 élus.

« L’adoption de ces lois est très importante, s’est réjoui le premier ministre, Olivier Mahafaly Solonandrasana. Ce n’est pas seulement une victoire pour les partisans de ces lois, mais une victoire de la démocratie, une victoire pour avancer vers les élections aussi. »

L’opposition s’oppose vigoureusement depuis des semaines à l’adoption de ces lois. Elle dénonce surtout le durcissement des procédures de révision des listes électorales, jugées « beaucoup trop lourdes » pour les « omis » qui n’y ont pas été inscrits. Mardi, ses élus ont accusé le gouvernement d’avoir acheté certains de leurs collègues pour faire voter ces lois.

« Avant la séance d’aujourd’hui, plusieurs députés ont été logés à l’hôtel Paon d’or aux frais du gouvernement et ont obtenu chacun 50 millions d’ariary [environ 12 500 euros] pour faire passer ces trois textes », a lancé la députée Christine Razanamahasoa.

Les élus ont refusé de prendre part au vote et ont quitté l’hémicycle en brandissant des pancartes « Stop Corruption » et en arrachant son micro au président de l’Assemblée. Celui-ci a dû faire appel aux forces de sécurité du palais pour récupérer son bien.

Deux anciens chefs d’Etat se représenteraient

Les prochaines élections législatives et présidentielle devraient se tenir entre les 25 novembre et 25 décembre, selon la Commission électorale malgache. Elu en 2013, le président sortant, Hery Rajaonarimampianina, n’a pas encore annoncé s’il allait briguer un second mandat.

En revanche, deux anciens chefs de l’Etat ont déjà laissé entendre qu’ils se présenteraient : Marc Ravalomanana, président de 2002 à 2009, et Andry Rajoelina, au pouvoir de 2009 à 2014. Tous les deux avaient été interdits de candidature en 2013.

M. Ravalomanana a été renversé en 2009, avec l’aide de l’armée, par le maire d’Antananarivo de l’époque, M. Rajoelina, qui était devenu président non élu d’une transition jusqu’en 2014. L’arrivée au pouvoir de M. Rajaonarimampianina a mis un terme aux crises politiques à répétition dans la Grande Ile.