Patrouille le long de la frontière entre Tijuana au Mexique et San Diego en Californie, le 22 juin 2016. / GREGORY BULL/ AP

Des soldats à la frontière avec le Mexique. Tel est le projet du président des Etats-Unis, Donald Trump qui a affirmé mardi 3 avril qu’il enverrait l’armée protéger la zone. Celle-ci a été rendue poreuse, selon lui, par le laxisme des autorités mexicaines et les décisions délibérées de son prédécesseur démocrate, Barack Obama.

« Jusqu’à ce que nous ayons un mur et une sécurité adéquate, nous allons protéger notre frontière avec notre armée, c’est un grand pas. Nous ne l’avons jamais fait auparavant, en tout cas pas beaucoup », a-t-il ainsi expliqué, en marge d’une rencontre avec les trois dirigeants des pays baltes à la Maison Blanche.

L’ambassadeur du Mexique aux Etats-Unis a immédiatement fait savoir qu’il avait demandé des explications aux autorités américaines. « Nous partageons le but d’une frontière sûre, mais ne sommes pas toujours d’accord sur la façon de l’atteindre », a souligné Gerónimo Gutiérrez.

« Le gouvernement mexicain décidera de sa réponse en fonction de cette clarification et défendra toujours notre souveraineté et notre intérêt national », a fait savoir, un peu plus tard, le ministre des affaires étrangères mexicain, Luis Videgaray, sur Twitter.

La pression monte depuis ce week-end

La Garde nationale, un corps de réserve de l’armée américaine, est intervenue à la frontière en 2010, sur ordre de Barack Obama, ainsi qu’en 2006-2008 sous George W. Bush. L’armée ne peut généralement pas intervenir sur le territoire américain dans un but pur de maintien de l’ordre mais elle peut jouer un rôle d’assistance, notamment pour contrôler la frontière.

Donald Trump fait monter la pression depuis ce week-end sur le Mexique et le Congrès de son pays pour qu’ils agissent chacun afin d’empêcher l’arrivée de clandestins aux Etats-Unis. Ce regain d’intérêt a été déclenché par les images d’une caravane de migrants d’Amérique centrale, principalement du Honduras, déterminés à rejoindre les Etats-Unis et se trouvant pour l’instant dans le sud du Mexique.

Arrivée de la caravane des migrants venus d’Amérique centrale, organisée par l’ONG Pueblo sin frontieras, à Matias Romero, au sud du Mexique, le 2 avril. / FELIX MARQUEZ / AP

Ils ne sont qu’un millier environ, mais ont déjà provoqué plusieurs tweets et diatribes du milliardaire. M. Trump estime qu’il revient au Mexique de les arrêter. Il a mis la renégociation du traité de libre-échange nord-américain, Alena, dans la balance.

« Divisez-vous, soyez toujours moins nombreux »

La caravane de migrants, qui se déplace en autocars, est organisée par une ONG. Celle-ci a déjà mené des opérations similaires les années précédentes. Elle est partie le 25 mars de Tapachula, à la frontière du Guatemala. Elle inclut des femmes, des enfants et des personnes âgées, et se trouve depuis le début de la semaine à Matias Romero, au cœur d’une région montagneuse de l’Etat de Oaxaca.

L’objectif de ces migrants est d’entrer aux Etats-Unis, mais un dialogue semble s’être installé entre les militants des droits de l’Homme et les autorités migratoires mexicaines (INM).

« [Lundi], nous avons rencontré la délégation de l’INM qui a proposé certaines mesures, comme des visas humanitaires ou des permis de libre circulation », a expliqué à l’Agence France-Presse un membre de l’ONG Coordination des peuples sans frontières.

Selon ce militant, les autorités mexicaines n’ont pas fait obstacle à la progression du groupe même si la rencontre avec l’INM avait des allures de mise en garde, a-t-il dit.

« Ils nous disent Divisez-vous, soyez toujours moins nombreux. C’est à cause de Trump, il y a beaucoup de pression sur le Mexique. Ils nous ont laissés entendre que si [la caravane] continuait à avoir la même taille et à être suivie par les médias, ils pourraient prendre des mesures. »