La série Djinn, un design d’Olivier Mourgue créé en 1965. / © La Galerie du 20e à Poitiers

Les Puces du design ne sont plus des puces ! La 38e édition de cette manifestation qui se tiendra du 5 au 8 avril, au Hall 7.1 de la Porte de Versailles, est baptisée Design Fair Paris. Une évolution expliquée par l’organisateur, Fabien Bonillo : « Avant notre installation en 2016 Porte de Versailles, nous n’exposions que des pièces vintage. L’augmentation de la surface d’exposition nous permet désormais d’accueillir des éditions actuelles de pièces design, des jeunes créateurs, des artisans d’art…  ».

Il rapproche sa manifestation des Design Fair existantes à l’étranger, et au sein desquelles les marchands ne craignent plus de mélanger ancien et contemporain. « Certains ne se reconnaissaient plus dans ce terme de puces, qui peut aussi avoir une connotation de brocante pour le public. » Un public de plus en plus averti d’après Fabien Bonillo, et qui apprécie les nouveaux locaux de la manifestation, plus grands et abrité des caprices météorologiques.

Jeunes loups des années 1960

Cette édition, dont le titre en anglais a également l’objectif avoué d’attirer une clientèle étrangère plus fournie, va pourtant rendre hommage à un designer bien français : Olivier Mourgue. Une exposition-vente sur 200 m² lui est entièrement consacrée, en grande partie grâce à l’enthousiasme du marchand Jean-Yves Allemand.

Cet antiquaire du design installé à Poitiers est déjà l’auteur de l’exposition de 2015 des Puces du design sur Pierre Paulin (1927-2009). L’hommage à Olivier Mourgue (né en 1939) en est la suite logique : « Il a été moins prolifique que Paulin, qui est à l’origine de 280 assises différentes, tandis que Mourgue en compte une trentaine… Mais il faut s’y intéresser maintenant car il est encore en vie, et la cote de ses créations ne s’est pas encore envolée. Olivier Mourgue faisait partie, avec Guariche aussi, des jeunes loups des années 1960 qui ont voulu démocratiser le design. »

Le lien de proximité entre eux se retrouve sur la construction des meubles : une structure métallique, des sangles de soutien, de la mousse et du tissu. Avec pour résultat des meubles sans structure apparente, aux lignes courbes, et souvent colorés. Révolutionnaires pour l’époque ! un mobilier du futur, qui compte notamment la série Djinn, choisie par Stanley Kubrick pour figurer dans son film 2001: l’odyssée de l’espace.

Ces pièces restent abordables aujourd’hui, du fait de leur exploitation en grandes séries : comptez environ 3 600 euros pour une banquette avec accoudoirs ; 1 500 euros pour une chauffeuse. Idem pour le fauteuil Joker, estimé environ 1 000 euros.

En revanche, la série Montréal, beaucoup plus rare car éditée à peu d’exemplaires, n’a pas vraiment de cote. Elle a été commandée par le Mobilier national pour le pavillon français de l’Exposition universelle de Montréal, au Canada, en 1966. Le marchand estime l’ensemble (qui sera exposé à la Design Fair Paris) à environ 25 000 euros. Au total, un petit regret, à la fois du marchand et de l’organisateur : faute d’accord trouvé sur les conditions de sa venue, Olivier Mourgue ne viendra pas à l’inauguration de leur exposition.