Google est critiquée par ses employés pour un programme mené avec le Pentagone. / MARCIO JOSE SANCHEZ / AP

Environ 3 100 employés de Google ont réclamé, dans une lettre dévoilée jeudi 4 avril par le New York Times, que l’entreprise mette un terme à son partenariat avec le Pentagone. Début mars, Google avait admis publiquement dans les colonnes du magazine Gizmodo qu’elle mettait à la disposition du ministère américain de la défense certaines technologies d’intelligence artificielle (IA).

Ce partenariat s’inscrit dans le projet Maven, un programme lancé en avril 2017 avec l’objectif, expliquait le Pentagone dans une note, de « rendre rapidement intelligible l’énorme volume de données accessibles au ministère de la défense ».

« Un usage non offensif »

Dans un communiqué transmis en mars à la presse américaine, Google avait expliqué fournir au Pentagone des accès à son logiciel ouvert d’apprentissage automatique TensorFlow. L’objectif : l’aider à analyser des images de drones, à des fins de renseignement. L’outil peut par exemple être utilisé pour identifier de manière automatisée des bâtiments, véhicules ou humains figurant sur des photos ou vidéos. Cela permet de surveiller des lieux, ou d’identifier des cibles.

L’entreprise n’avait toutefois pas précisé jusqu’à quel point elle épaulait le Pentagone, dans l’utilisation ou l’éventuelle personnalisation de TensorFlow. Elle avait en revanche assuré, à la suite de critiques, que ses technologies n’étaient destinées qu’à « un usage non offensif », et qu’elle avait créé des « règles et garde-fous autour du développement et de l’usage de [ses outils] d’apprentissage automatique ». Des précautions qui n’ont pas semblé rassurer les employés de Google.

Google et « le business de la guerre »

Les employés signataires ont ainsi invité Sundar Pichai, le PDG de la firme, à « annuler immédiatement » le partenariat établi avec le Pentagone.

« Nous estimons que Google ne devrait pas être impliqué dans le business de la guerre. C’est pourquoi nous demandons à ce que le projet Maven soit annulé, et à ce que Google dessine, publie et mette en place une politique claire, qui précise que ni [elle] ni ses partenaires ne fabriqueront jamais de technologies de combat. »

Le partenariat aurait, estiment les signataires, « causé des dommages irréparables à la marque Google ». « L’argument selon lequel d’autres entreprises comme Microsoft et Amazon participent également ne rendent pas l’opération moins risquée pour Google, est-il écrit dans la lettre. (…) Nous ne pouvons pas [non plus] nous dédouaner de la responsabilité de nos technologies et la laisser peser sur les tiers ».

Ce n’est pas la première fois que les liens entre Google et l’armée sont questionnés. Au début des années 2010, l’entreprise a racheté plusieurs entreprises spécialisées dans la robotique. Parmi elles, Boston Dynamics, qui développe des robots destinés à l’armée, avait été acquise en 2013. Google s’est finalement séparée de la prestigieuse firme à l’été 2017. Eric Schmidt, l’ancien président d’Alphabet, la maison mère de Google, siège par ailleurs dans un comité du ministère de la défense consacré à l’innovation aux Etats-Unis.

Des chercheurs en intelligence artificielle boycottent une université sud-coréenne

Plus de 50 chercheurs influents en intelligence artificielle (IA) et robotique ont annoncé qu’ils boycotteraient une université sud-coréenne, la Kaist, en cessant tout contact et collaboration académique avec elle. L’université est accusée de participer au développement d’armes guidées par des systèmes d’IA, sans contrôle humain, rapportait le média local The Korean Times. Des affirmations démenties par Sung-chul Shin, le président de l’université. Dans un communiqué publié par Times Higher Education, il affirme que la Kaist « ne conduit aucune activité de recherche allant à l’encontre de la dignité humaine, y compris des armes autonomes ».

Du lundi 9 au vendredi 13 avril, les responsables des Etats membres de l’ONU doivent se rencontrer à Genève en Suisse pour discuter de la mise en place d’éventuelles restrictions sur les « robots-tueurs ».