Denis Masseglia (au centre) alerte sur les « nombreuses remontées des clubs » qui s’alarment des « signaux négatifs » envoyés à propos des JO 2024. / MARTIN BERNETTI / AFP

Il est le premier à s’inquiéter publiquement, depuis ce soir de septembre 2017, à Lima, où les Jeux olympiques de 2024 ont officiellement été attribués à Paris. Le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), Denis Masseglia, a voulu, jeudi 5 avril, « faire remonter » à quelques journalistes le « désarroi » du mouvement sportif français, huit mois après l’attribution des JO.

« « L’attente était extrêmement forte que l’obtention des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 [crée] un élan. (…) Force est de constater que les messages et les signaux qui ont été envoyés ont été négatifs », dit M. Masseglia à l’adresse du gouvernement. Il souligne la disparition des emplois aidés, la diminution des moyens du Centre national du développement du sport (CNDS), qui octroie les subventions publiques sur le terrain, et la réduction des crédits de l’Etat aux collectivités territoriales, lesquelles financent les clubs.

« Il y a de quoi être désorienté, on ne parle des Jeux qu’en matière économique », déplore Denis Masseglia. Publié à la fin du mois de mars, un rapport de l’inspection générale des finances met en garde contre des risques de surcoûts des JO 2024 et propose plusieurs idées pour en réduire le montant. Mais pour le patron de l’olympisme français, ces Jeux, « ce ne sont pas seulement quinze jours qui vont coûter cher à la nation ».

« Et si les Jeux permettaient enfin de considérer le sport comme un investissement et pas comme une charge ? », demande le président du CNOSF, rappelant que les débats budgétaires autour du surcoût des JO 2024 concernent moins les investissements sportifs que la construction du village olympique et de celui des médias. « Avec seulement deux équipements sportifs construits [une piscine olympique en Seine-Saint-Denis et un stade pour les sports collectifs], il y a peu de risques de créer un éléphant blanc », insiste-t-il, en référence aux installations laissées à l’abandon dans les précédentes villes organisatrices.

Denis Masseglia craint que ces Jeux ne soient pas ceux du mouvement sportif. « Il ne faut pas que les clubs se disent : “Ces Jeux ne sont pas faits pour nous.” Ce serait un drame », poursuit-il, évoquant un nombre important d’appels à l’aide des petites structures.

Après l’obtention des JO, le gouvernement a présenté un budget en baisse pour le sport. Le CNDS, qui distribue les subventions sur le terrain, a vu ses dotations divisées par deux. La baisse a été en partie compensée lors de l’examen de la loi de finances, mais en se focalisant sur la pratique du sport en dehors des structures de clubs.

Aspirant à ce que les JO de Paris 2024 laissent un héritage dont le sport français pourra profiter – et pas seulement en matière d’infrastructures – à l’instar de ce qu’a su faire Londres en 2012, Denis Masseglia alerte : « Ces Jeux ne doivent pas être une simple manifestation de sportifs pendant quinze jours, sinon on aura raté notre organisation. »

Le président du CNOSF espère désormais des « signaux positifs » du plus haut niveau de l’éxécutif dans le budget 2019 – car « ces décisions ne se prennent pas au ministère des sports ». « Il faut juste qu’on nous entende, et pour le moment, on ne nous entend pas », conclut celui dont les relations avec la ministre des sports, Laura Flessel, ne sont pas au beau fixe.