Plus de trente mille Slovaques ont appuyé jeudi 5 avril l’appel du président Andrej Kiska à la démission du chef de la police nationale, dans le sillage de la crise provoquée par l’assassinat par des inconnus d’un journaliste enquêtant sur la corruption. / JOE KLAMAR / AFP

Plus de trente mille Slovaques ont appuyé, jeudi 5 avril, l’appel du président Andrej Kiska à la démission du chef de la police nationale, dans le sillage de la crise provoquée par l’assassinat par des inconnus d’un journaliste enquêtant sur la corruption.

Environ 30 000 personnes se sont réunies à Bratislava, selon le quotidien SME, brandissant des pancartes « Honte à vous » et « Gaspar, démissionnez! » visant le chef de la police Tibor Gaspar. D’autres rassemblements ont eu lieu à travers le pays.

Le chef de la police désavoué par le président

Le président Andrej Kiska, un libéral, en désaccord avec le gouvernement de gauche populiste, a déclaré plus tôt dans la journée à la presse qu’il comptait sur la destitution de Tibor Gaspar « dans les prochains jours ».

« J’ai dit au ministre de l’intérieur que le remplacement des personnalités clés de la police, y compris du chef de la police, M. Gaspar, était une question cruciale pour nous afin de commencer à rétablir la confiance dans la police », a déclaré M. Kiska, selon le service local d’informations TASR.

Portrait du journaliste Jan Kuciak et de sa fiancée, Martina Kusnirova. / RADOVAN STOKLASA / REUTERS

Le journaliste assassiné enquêtait sur les liens entre la mafia calabraise et des politiques slovaques

La crise politique en Slovaquie a été déclenchée par le meurtre en février du journaliste Jan Kuciak, qui avait enquêté sur la corruption et sur des liens entre des hommes d’affaires italiens soupçonnés de relations avec la mafia calabraise, la ’Ndrangheta, et des hommes politiques slovaques, y compris dans l’entourage du premier ministre de l’époque, Robert Fico.

Ce dernier a démissionné depuis, remplacé par Peter Pellegrini. Le nouveau cabinet de la coalition tripartite est composé en majorité de personnes ayant appartenu au gouvernement précédent, dont certains, comme M. Pellegrini, ancien vice-premier ministre, ont changé d’attributions.

Le nouveau chef de gouvernement a déclaré jeudi que son ministre de l’intérieur déciderait de l’avenir de M. Gaspar après avoir pris connaissance des faits.

« Je n’ordonnerai jamais au ministre de l’intérieur de limoger le chef de la police car je prouverais ainsi que la police reste sous l’autorité du pouvoir politique, ce que je rejette totalement », a déclaré M. Pellegrini à la presse.