Le nombre de comptes suspendus pour ce motif est en baisse depuis plusieurs mois. / Jeff Chiu / AP

Entre août 2015 et décembre 2017, Twitter a supprimé plus de 1,2 million de comptes pour apologie au terrorisme. Leur nombre, explique le réseau social dans son rapport biannuel sur la transparence posté le jeudi 5 mars, est en baisse depuis plusieurs mois.

Twitter rapporte, en effet, avoir identifié et suspendu de manière permanente 274 460 comptes sur les six derniers mois de 2017, soit 8,4 % de moins que lors du semestre précédent. « C’est la seconde fois consécutive que nous observons une baisse dans le nombre de comptes suspendus pour [promotion du terrorisme] », note Twitter.

74 % des comptes suspendus avant le premier tweet

A en croire le réseau social, ce constat s’explique par l’efficacité de leur modération. « Nous ressentons les effets positifs et considérables d’années de travail acharné, destinées à faire de notre site un espace indésirable pour les personnes promouvant le terrorisme. Ces activités s’éloignent de plus en plus de Twitter », se félicite la firme, qui explique que 93 % des comptes supprimés sont détectés grâce à ses propres outils.

Twitter ajoute que 74 % des comptes suspendus le sont avant même qu’y soit posté un premier tweet. Cela s’explique en partie par le fait que les comptes sont créés à la chaîne : à peine supprimés, ils sont aussitôt recréés, parfois en utilisant la même adresse IP. « Nous avons des faisceaux d’indices, dont l’adresse IP, et nous utilisons des outils propriétaires [des outils développés par d’autres entreprises] et de l’apprentissage automatique », détaillait à Forbes, le 5 avril, Audrey Herblin-Stoop, directrice des affaires publiques pour la France et la Russie du réseau social.

Comme d’autres plates-formes, à l’image de Facebook et Youtube, Twitter se targue régulièrement de l’efficacité de ses outils de détection automatique. Une efficacité qui repose notamment sur l’existence d’une base de données d’empreintes cryptographiques de contenus djihadistes, lancée par ces entreprises avec Microsoft en décembre 2016.

Une pression politique constante

Twitter, Facebook et Youtube continuent, cependant, à subir les pressions de plusieurs gouvernements qui leur reprochent de ne pas se montrer encore suffisamment sévères en matière de lutte contre la propagande terroriste.

De multiples rencontres entre des représentants d’Etat français, allemands ou britanniques ont eu lieu à ce sujet depuis 2015 et le début de la vague d’attentats en Europe. Elles ont inspiré une série de recommandations émise par la Commission européenne, le 1er mars 2018. La Commission exige que « toutes les entreprises » suppriment les contenus d’apologie au terrorisme « dans [un] délai d’une heure à compter de son signalement ».

L’Allemagne a déjà adopté, de son côté, une loi contraignant les plates-formes à supprimer les contenus d’apologie au terrorisme en moins de vingt-quatre heures. Si elles ne respectent pas cette règle, les firmes risquent dans le pays une amende de 50 millions d’euros.

Selon le rapport biannuel de Twitter, les gouvernements n’ont été à l’origine que de 0,2 % des suppressions de compte durant le second semestre de 2017.

Parmi les autres demandes de la Commission, les Etats membres de l’Union européenne sont tenus de fournir « régulièrement »« de préférence tous les trois mois » — un rapport à la Commission sur les signalements et leur suivi, ainsi que sur leur coopération avec les entreprises en matière de contenus terroristes.