Le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman rencontre le patron de Warner Bros. Kevin Tsujihara (2e à droite) à Los Angeles, en Californie, le 3 avril. / -- / --/Saudi Press Agency/dpa

Partir de rien permet d’envisager d’infinies possibilités de développement. C’est dans cet esprit qu’une délégation officielle venue d’Arabie saoudite a entamé cette semaine une tournée aux Etats-Unis pour y rencontrer le gratin d’Hollywood et du divertissement, à quelques jours de l’ouverture du premier cinéma de retour dans le royaume, prévue le 18 avril à Riyad.

Pendant trente-cinq ans, les quelques salles obscures de ce pays sunnite ultraconservateur avaient été purement et simplement oubliées, les chefs religieux ayant obtenu leur fermeture. Le gouvernement avait annoncé en 2017 qu’il lèverait cette interdiction dans le cadre des réformes économiques et sociales menées par le prince héritier Mohammed Ben Salman pour diversifier une économie encore trop dépendante du pétrole. C’est ainsi que Black Panther, le film de super-héros de Marvel réalisé par Ryan Coogler, devrait être le premier présenté dans la salle de concert symphonique reconvertie et exploitée par le groupe américain AMC, détenu par le chinois Wanda.

La direction d’AMC espère, grâce à son association avec le fonds souverain saoudien Public Investment Fund, contrôler à terme 50 % de l’exploitation cinématographique de ce pays. D’ici cinq ans, le groupe va ouvrir 40 multiplexes, puis une centaine avant 2030. D’autres groupes sont sur les rangs, comme le dubaïote VOX Cinemas, l’américain iPic Entertainment ou le britannique Vue Cinemas, pour profiter de ce marché encore vierge qui pourrait représenter un milliard de dollars (820 millions d’euros) par an dans les prochaines années.

Les Saoudiens ne vont pas non plus découvrir le septième art le 18 avril : ils peuvent déjà visionner des films et des séries américaines chez eux et vont fréquemment se faire une toile chez leurs voisins, à Dubaï ou à Bahreïn.

Développer l’industrie des loisirs

Plus largement, les autorités saoudiennes souhaitent développer localement l’industrie des loisirs. Le Los Angeles Times rapporte que Mohammed Ben Salman a rencontré depuis le début de la semaine à Los Angeles le magnat Rupert Murdoch, mais aussi le patron de Disney, Bob Iger, la patronne de la 20th Century Fox, Stacey Snider, le PDG de Warner Bros., Kevin Tsujihara, ou encore le président d’Universal Filmed Entertainment, Jeff Shell. Sans compter le réalisateur James Cameron ou encore le catcheur, acteur et producteur Dwayne Johnson.

Le magazine américain Variety assure qu’une poignée de contrats ont été signés entre les autorités saoudiennes et le Cirque du Soleil. Le National Geographic Explorer a décroché la construction d’une dizaine d’aquariums géants dont le premier ouvrira l’an prochain à Riyad. Dans la même veine, le groupe Feld Entertainement, basé en Floride, a négocié l’implantation de spectacles comme Disney on Ice, Disney Live, Marvel Experience ou Monster Jam, en assurant la formation des équipes locales. Ces accords concernent un pays critiqué pour des violations des droits humains, qui reste l’un des sept Etats de la planète où les homosexuels risquent la peine de mort.