Le président français Emmanuel Macron le 5 avril 2018. / Christophe Ena / AP

Le président de la République, Emmanuel Macron sera l’invité jeudi 12 avril du journal de 13 heures de TF1, pour un grand entretien en direct dans lequel il s’exprimera, entre autres, sur les conflits sociaux qui agitent le pays, a annoncé, samedi, la chaîne. Le chef de l’Etat sera interrogé par Jean-Pierre Pernaut durant un entretien d’une heure, qui sera diffusé également sur LCI.

Le président répondra en outre à des questions concernant la vie quotidienne des Français, et expliquera quel cap il entend donner à la France à l’approche de son premier anniversaire à l’Elysée, a fait savoir à l’AFP le directeur de l’information du groupe TF1 Thierry Thuillier.

« TF1 avait réalisé la première interview télévisée du président Macron en octobre, et nous souhaitions proposer l’interview du premier anniversaire de son élection mais ce qui nous a surtout motivés, c’est le contexte du moment ; aujourd’hui, les sujets qui touchent à la vie quotidienne des Français sont au premier plan », a-t-il expliqué.

Mouvements sociaux, retraites, pouvoir d’achat au menu

Cette émission spéciale d’une heure, sera ponctuée de « courts sujets et de reportages et témoignages, via lesquels des Français pourront interpeller ou s’adresser au chef de l’Etat », selon Thierry Thuillier. Les sujets abordés seront nombreux, avec une partie consacrée à l’actualité économique et sociale sachant que sur les rails, dans le ciel, ou encore dans les amphis d’universités occupés, la semaine sociale qui sera marquée par l’examen du projet de loi SNCF à l’Assemblée lundi, s’annonce intense et tendue.

Cette interview aura lieu alors même que l’examen du projet de loi ferroviaire doit se tenir jusqu’à jeudi soir, avec au menu la transformation de la SNCF en société anonyme, le calendrier de l’ouverture à la concurrence prévue au niveau européen et la suppression de l’embauche au statut. Avant un vote sur l’ensemble du projet de loi « pour un nouveau pacte ferroviaire », le 17 avril.

« Ce sera la première fois que le président s’exprimera dans une interview sur les mouvements sociaux en cours à la SNCF, chez les étudiants », note M. Thuillier, qui ajoute qu’au-delà de ce « malaise social », Jean-Pierre Pernaut abordera des questions comme « la fracture sociale et territoriale en matière de santé et d’hôpitaux, la désertification dans certaines régions, les retraités et le pouvoir d’achat (CSG, taxe d’habitation...), la limitation de vitesse à 80 km/h, la sécurité et le terrorisme ». Enfin, « nous aborderons les enjeux à venir : alors que le Président multiplie les réformes, quel est son cap, quelle France imagine-t-il d’ici la fin de son mandat? », dit il.

Il s’agira seulement de la troisième interview accordée à une chaîne française par le président depuis son élection au printemps 2017. Après avoir renoncé à la traditionnelle interview du 14 juillet, il avait été l’invité du 20 heures de TF1 en octobre, puis de celui de France 2 en décembre.

Aussi, selon une enquête réalisée à l’occasion de la 27e Journée du livre politique et publié par « Le Monde » vendredi, Emmanuel Macron peine à redonner aux Français confiance dans l’avenir. Sur une échelle de 1 à 10, ils sont seulement 24 % à s’afficher nettement optimistes sur leur avenir personnel (notes de 1 à 4), tandis que 43 % (et jusqu’à 55 % des ouvriers) se déclarent franchement pessimistes sur leur avenir personnel (notes de 7 à 10). Entre ces deux groupes, 33 % restent incertains (réponses de 5 à 6).

Alors que la France connaît un important mouvement de grève à la SNCF et que l’ombre de 1995 plane sur les gares, le chef de l’Etat a peu pris la parole jusqu’ici. Face aux cheminots ou pour présenter mercredi la réforme des institutions, il laisse son premier ministre, Edouard Philippe, à la manœuvre, comme il l’avait fait lors des annonces de la loi travail et du plan de sortie de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Lors d’un déplacement jeudi au CHU de Rouen, interrogé par des journalistes sur la grève à la SNCF, le président, dérogeant à son habitude de s’en tenir au sujet de sa visite, s’était toutefois exprimé brièvement, évoquant avec prudence des « protestations tout à fait légitimes » qui nécessitent « des explications » mais « ne doivent pas empêcher le gouvernement de gouverner ».