Affiche du festival Chorus. / DR

A l’annonce, en fin de matinée, vendredi 6 avril, de la mort de Jacques Higelin, David Ambibard, programmateur du festival Chorus des Hauts-de-Seine, dont la présente édition a lieu depuis le 3 avril et se terminera dimanche 8, est allé voir dans les archives. Depuis la création du festival, en 1988, le chanteur et auteur-compositeur a été programmé « une dizaine de fois ». Son dernier passage, « c’était en 2011, dans un chapiteau Magic Mirror, installé sur le parvis de La Défense. Un grand concert, un beau souvenir. »

Ce vendredi 6, lors de la finale du prix Chorus, tremplin destiné à repérer des nouveaux talents des « musiques actuelles », il n’y aura pas eu de mention du nom de Jacques Higelin. Aucun des cinq groupes qui se sont succédé au Riffx et au Tutti, deux des petites salles de La Seine musicale, sur l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt, où est organisé le festival, n’a inscrit à sa prestation une reprise qui aurait été décidée au dernier moment.

Cinq groupes, avec chacun un court programme de trente minutes pour convaincre le jury d’une dizaine de personnes et le public. Des amateurs de découvertes, quelques professionnels, des collégiennes et des collégiens qui ont suivi depuis plusieurs mois le processus de sélection des groupes, ont rencontré certains d’entre eux.

Amateurs de découvertes

A l’applaudimètre de ce jeune public, peut-être parce que ce serait le plus proche de ce qu’ils écoutent quotidiennement, le trio Thé vanille, plutôt pop, Faire, autre trio, plutôt dans l’option électro dansante et Aloïse Sauvage, seule en scène, qui déclenche des séquences mélodiques et rythmiques pour accompagner son parler-chanter. D’Aloïse Sauvage a déjà été repéré un refrain « Aphone/A force d’être à fond », repris en chœur.

Avec en plus le rock puissant, du duo Equipe de foot (un guitariste, un batteur), bruitiste, expérimental, du quartette The Psychotics Monks, la finale du prix Chorus reflète bien ce qui agite les musiques actuellement.

The Psychotic Monks - It's Gone
Durée : 05:50

Particularité du prix Chorus, mise en place depuis plusieurs années, à l’issue des concerts et avant la délibération, chaque groupe passe un entretien avec le jury. « Ce n’est pas un grand oral, c’est assez détendu, précise David Ambibard. C’est un moyen d’évaluer les groupes au-delà du concert, de sentir où ils en sont dans leur développement. A la marge, c’est une rencontre qui peut influer quand il y a des hésitations des jurés après une prestation, si l’on sent de la conviction, une envie, de la sincérité. »

Tard dans la nuit, le jury a fait connaître son choix, qui a été révélé dans un communiqué, samedi 7 en fin de matinée. C’est The Psychotics Monks, groupe parisien, qui est le lauréat du prix Chorus 2018, doté de la somme de 10 000 euros pour son accompagnement professionnel.

Le choix du plus extrême durant cette finale. Le chant, en anglais, y est un des éléments d’un bouillonnement, une déferlante, par les deux guitaristes, en saturation, effets Larsen, le bassiste et claviériste et le batteur. Quelques moments calmes, avant des relances, des sursauts. L’improvisation semble y avoir une place importante, dans un cadre établi.

Le groupe a déjà enregistré un album, sorti en avril 2017. Le concert est un terrain de jeu qui en densifie le propos. On songe alors parfois aux déflagrations du groupe allemand Faust, aux recherches vers l’intensité sonore du Japonais Keiji Haino.

Festival Chorus des Hauts-de-Seine, jusqu’au 8 avril à La Seine musicale, île Seguin, à Boulogne-Billancourt.