Site archéologique nabatéen de Madain Saleh. / HASSAN AMMAR / AFP

Trésor de la civilisation nabatéenne, la cité de Madain Saleh, en Arabie saoudite, est loin de jouir de la renommée touristique de Pétra, son célèbre équivalent jordanien. Après avoir longtemps négligé cet héritage pré-islamique, la pétromonarchie entend redonner du lustre à ce site archéologique inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. La France sera impliquée dans le chantier de valorisation, et les détails de cette coopération devraient être précisés lors de la visite à Paris, lundi 9 et mardi 10 avril, du prince héritier Mohammed Ben Salman.

Ce projet de mise en valeur de la nécropole participe de la nouvelle stratégie mise en place par le royaume pour promouvoir le tourisme, dans le cadre du plan Vision 2030 destiné à diversifier une économie ultradépendante des hydrocarbures. Des préparatifs sont en cours pour l’émission prochaine de visas touristiques. Une rupture dans un pays où les permis d’entrée étaient jusque-là délivrés au compte-gouttes ou réservés aux pèlerins se rendant sur les lieux saints de l’islam. Le pouvoir saoudien vise 30 millions de visiteurs annuels d’ici à 2030, près du double d’aujourd’hui.

Gros potentiel de croissance

Parmi les initiatives tous azimuts annoncées ces derniers mois, le « Read Sea Project » (le projet mer Rouge) prévoit de transformer un chapelet d’îlots léchés par des eaux turquoise en stations balnéaires de luxe. A la clé, Riyad espère créer 35 000 nouveaux emplois. Le royaume wahhabite s’active également sur le front du tourisme religieux. De grands travaux ont été engagés pour pouvoir accueillir davantage de pèlerins, entre la construction d’un nouveau métro à La Mecque, d’une ligne à grande vitesse la reliant à Médine, et l’ajout de capacités hôtelières.

Le secteur touristique a un gros potentiel de croissance et d’emplois, selon un rapport du cabinet d’analyse BMI Research publié en janvier, qui prédit une hausse de 6 % par an des recettes liées au tourisme, entre 2018 et 2022. Selon BMI, le développement d’un tourisme non religieux international prendra tout de même du temps. D’abord parce que l’Arabie saoudite devra affronter la concurrence d’autres pays du Golfe plus avancés sur ce créneau, tels le sultanat d’Oman ou les Emirats arabes unis. Mais aussi compte tenu « de normes culturelles et sociales marquées par le conservatisme ».

Pour parer à certains interdits – tel celui pesant sur la consommation d’alcool –, les visiteurs pourraient être accueillis dans des enclaves réservées, aux normes plus souples, à l’instar des complexes résidentiels hébergeant les expatriés, à Riyad.