Le capitaine William Carvalho et le gardien Rui Patricio, auteur de la lettre à son président. / RAFAEL MARCHANTE / REUTERS

L’histoire accapare la « une » des journaux et fait l’ouverture des JT au Portugal depuis vendredi. Bruno Carvalho, président du Sporting Portugal, a décidé de suspendre 17 de ses joueurs jusqu’à nouvel ordre. Mais comment en est-il arrivé à prendre une telle décision ?

Tout est parti de la défaite contre l’Atlético Madrid, jeudi en quarts de finale aller de la Ligue Europa. Battus 2-0 sur la pelouse du favori de la compétition, les coéquipiers de Jérémy Mathieu n’ont pas forcément démérité, se procurant même plusieurs occasions. Un constat que ne partage pas Bruno de Carvalho. Le président au caractère tempétueux déclare devant les médias : « J’ai plusieurs fois eu l’impression qu’on jouait à neuf, et ça, ça se paie cher. (…) Voir des erreurs grossières de la part d’internationaux et de joueurs expérimentés, ça ne fait qu’accroître notre souffrance. »

La sortie de trop pour des joueurs pourtant habitués aux déclarations polémiques de leur président élu par les socios du club en 2013. La fronde est menée par le gardien Rui Patricio. Le champion d’Europe 2016 publie une réponse sur les réseaux sociaux.

« Nous ne sommes pas parfaits et nous ne croyons pas aux joueurs parfaits parce que nous souhaitons toujours évoluer, précise le collectif. (…) Nous souhaitons faire part de notre mécontentement à travers ce texte après avoir eu vent des déclarations de notre président et qui a manqué de soutien dans ce moment difficile. »

Avec l’équipe B dimanche

Dans un premier temps, ils sont 19 à signer ce texte avant les désistements de deux joueurs (Doumbia et Ruben Ribeiro). Et c’est peu dire que Bruno de Carvalho n’a pas apprécié le texte en question. « Je suis fatigué de ces gamins immatures qui ne respectent personne comme par exemple les supporters », réplique le dirigeant quelques minutes plus tard sur sa page Facebook. « Tous les joueurs qui ont signé ce texte sont immédiatement suspendus et devront affronter la commission de discipline du club », ajoute-t-il.

Le troisième du championnat va donc recevoir ce dimanche, Paços de Ferreira, avec son équipe réserve plus quelques non-signataires, comme le Français Jérémy Mathieu. Une vague de départs s’annonce déjà pour la saison prochaine. Le buteur néerlandais, Bas Dost, a déjà fait savoir qu’il ne se voyait pas rester une saison de plus dans ce contexte.

Ce n’est pas la première fois que Bruno de Carvalho fait parler de lui. Si on peut mettre à son crédit d’avoir relancé sportivement un club qui sortait de la pire saison de son histoire (7en 2012-2013) mais aussi de tenir tête à l’agent Jorge Mendes, dont la toute-puissance n’est plus à démontrer au Portugal (et ailleurs), il accumule les déclarations tapageuses sur les arbitres, les médias et tous « les ennemis extérieurs du Sporting ». Il a d’ailleurs conseillé à ses supporters de ne plus lire la presse, ni regarder les programmes télé consacrés au foot, sauf ceux de… Sporting TV, la chaîne interne du club.

Lui qui aime regarder les matchs depuis le banc de touche avec une écharpe autour du cou, a été suspendu huit mois par la Ligue portugaise. Le 6 novembre 2016, il avait craché en direction de son homologue d’Arouca après une vive altercation. Malgré tout, Carvalho avait été réélu à la présidence du Sporting en février dernier. Son malheureux adversaire, Pedro Madeira Rodrigues, avait alors déclaré : « Bruno de Carvalho serait un très bon sujet de psychiatrie. »