« On en a assez » ont crié 5 000 Tchèque réunis sur la place Venceslas à Prague, lors d’une manifestation à l’encontre de leur premier ministre Andrej Babis, le 9 avril 2018. / MICHAL CIZEK / AFP

Des milliers de Tchèques ont manifesté lundi 9 avril à travers le pays contre le gouvernement du milliardaire Andrej Babis. Le premier ministre, deuxième fortune du pays, est poursuivi devant la justice pour une fraude supposée et peine à former un gouvernement.

« On en a assez! », « Nous voulons un gouvernement honnête! », ont scandé environ 5 000 manifestants rassemblés sur la place Wenceslas, à Prague.

Le mouvement ANO (« Oui ») d’Andrej Babis avait remporté les élections législatives d’octobre, gagnant 78 des 200 sièges au sein de la chambre basse du Parlement tchèque. Désigné premier ministre en décembre, M. Babis a constitué un gouvernement minoritaire comprenant des experts sans étiquette, mais qui n’a pas obtenu la confiance du Parlement en janvier. Il a officiellement démissionné, mais il reste en place jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement.

Les tractations en vue de constituer un nouveau gouvernement de coalition ont échoué vendredi à la suite du refus du parti social-démocrate CSSD de s’allier à ANO, ce qui a relancé le spectre d’élections anticipées.

Soupçonné de fraude et de collaboration à l’époque communiste

Le parti CSSD refuse de participer à un gouvernement où figurerait M. Babis, en raison de son inculpation pour une fraude supposée aux subventions européennes. Il aurait, dans cette affaire dite du « Nid de cigognes » remontant à 2007-2008, bénéficié de deux millions d’euros de fonds européens. Des soupçons d’une collaboration de M. Babis avec la police secrète à l’époque communiste pèsent aussi sur lui. Le chef du gouvernement sortant rejette de son côté ces accusations.

« Il est inacceptable d’avoir comme oremier ministre un homme poursuivi (en justice) et enregistré comme agent de la police secrète communiste », ont déclaré sur Facebook les organisateurs de la manifestation, appelant M. Babis à démissionner.

Le président Milos Zeman, qui nomme les premiers ministres, a promis à Andrej Babis qu’il lui donnerait une autre chance de former un gouvernement. La Constitution tchèque prévoit jusqu’à trois tentatives de constituer un gouvernement, les deux premières étant pilotées par le chef de l’Etat et la troisième par le président de la chambre basse, poste qu’occupe actuellement un membre d’ANO.