Dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 avril, les forces de l’ordre ont commencé vers 3 h 30 l’évacuation d’une partie de la « zone à défendre » (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), sur le site du projet d’aéroport abandonné par le gouvernement, le 17 janvier.

Cette opération, dont l’objectif est de « procéder à l’expulsion des occupants les plus radicaux », selon le ministère de l’intérieur, a-t-elle conduit les autorités à chercher à verrouiller l’accès à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ? C’est ce qu’affirment certains journalistes. Mais d’autres assurent qu’il n’en est rien.

Les journalistes sont-ils empêchés de travailler dans la ZAD ?

Plusieurs journalistes assurent que les reporters présents sur le terrain ont été tenus à l’écart dès le début de l’opération. Certains journalistes auraient été évacués de la zone sous escorte, rapporte Nicolas Ropert, envoyé spécial de RFI. « Nous avons finalement pu rejoindre les zadistes à l’ouest de la zone, mais impossible de voir des expulsions et destructions menées par les gendarmes », a-t-il précisé sur Twitter en début d’après-midi.

Invoquant « la sécurité de tous », le ministère de l’intérieur a appelé, dans un communiqué, « les équipes de reporters présentes sur place à la responsabilité, en veillant à ne pas se mettre en danger inutilement ». Dans ce même communiqué, le ministère invite également les journalistes « à ne pas gêner les manœuvres opérées par la gendarmerie nationale ».

Sur Twitter, quelques journalistes présents aux côtés des zadistes, dont Rémi Barroux, envoyé spécial du Monde, continuent cependant de fournir des informations en provenance de la ZAD. Arrivés plus tôt dans la nuit, ils ont réussi à s’introduire à l’intérieur avant le déploiement des forces de l’ordre.

« Nous n’avons pas été bloqués. Grâce à une bonne connaissance du terrain, nous avons pu d’accéder à l’intérieur du périmètre à travers des petits chemins, affirme François Pitrel, journaliste reporter d’images pour BFM-TV. Certains confrères arrivés plus tard ont également réussi à accéder à la zone en présentant leurs cartes de presse. »

Les journalistes doivent-ils obligatoirement en passer par les images fournies par la gendarmerie ?

Les journalistes tenus à l’écart des opérations sont orientés vers un « espace presse » mis en place par les gendarmes à Nantes dans la préfecture de Loire-Atlantique, à une trentaine de kilomètres de la ZAD. Pour combler le manque d’images, la gendarmerie s’engage à mettre « à disposition des rédactions des photos et vidéos de l’opération libres de droits ».

Cette pratique a suscité les critiques des internautes et de quelques journalistes :

Charlotte Dubenskij, journaliste pour la chaîne de télévision russe Russia Today (RT), accuse les forces de l’ordre d’utiliser des phares pour aveugler les objectifs des caméras :

« Personnellement, je n’ai eu aucun problème à faire correctement mon travail, explique toutefois un journaliste habitué à couvrir l’actualité de Notre-Dame-des-Landes et qui souhaite garder l’anonymat. Je suis accompagné d’un photographe, et, pour l’instant, nous prenons des images des affrontements, sous l’œil des gendarmes. »

Une version confirmée par Grégoire Lecalot, journaliste à Franceinfo : « Les journalistes qui se sont retrouvés à l’extérieur du périmètre mis en place par la gendarmerie n’ont pas tous pu accéder à la ZAD et ont été orientés vers un espace presse. De notre côté, il n’y a eu aucune pression de la part des forces de l’ordre. »

Lors de la manifestation du 22 mars qui a rassemblé les fonctionnaires et les cheminots, ou pendant les manifestations de 2016 contre la loi travail, le service de communication de la préfecture de police de Paris avait également mis en place un flux d’informations en direct, à disposition des journalistes.

Notre-Dame-des-Landes : cinquante ans de conflit résumés en 3 minutes
Durée : 03:40