Des policiers sénégalais inspectent les véhicules à l’entrée d’un hôtel de Dakar en janvier 2016. / SEYLLOU / AFP

Un tribunal correctionnel de Dakar a condamné, lundi 9 avril, à quinze ans de travaux forcés un Franco-Sénégalais de 34 ans revenu de Syrie, et acquitté un autre Sénégalais, poursuivi pour « complicité d’acte terroriste ».

Ibrahima Ly, en détention depuis presque trois ans, est « déclaré coupable […] d’association de malfaiteurs et d’apologie du terrorisme » et condamné à quinze ans de travaux forcés, a annoncé le président du tribunal, Samba Kâne.

Le parquet avait requis le 15 mars la perpétuité contre ce natif de Trappes, en banlieue parisienne, auquel il est notamment reproché de s’être rendu en Syrie pour faire le djihad. Sur son téléphone ont été retrouvées des photos où il tient une arme, ainsi qu’une vidéo dans laquelle il exhorte les musulmans à la guerre sainte. Ibrahima Ly et son avocat ont affirmé qu’il était parti en Syrie pour y étudier le Coran et non pour combattre.

Son jeune frère Mansour Ly avait été condamné en mars 2016 à cinq ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes. Il faisait partie d’un groupe de quatre jeunes Français, dont une femme, qui avaient tenté de gagner la Syrie quelques jours après l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo en janvier 2015. Leur périple avait pris fin dans un accident de voiture en Turquie.

« Religiosité subite »

Le tribunal correctionnel de Dakar a en revanche acquitté lundi Assane Camara, âgé d’une trentaine d’années et détenu depuis deux ans, des chefs de « complicité d’acte terroriste » et « association de malfaiteurs ». La cour a ordonné sa libération immédiate.

Le parquet avait requis cinq ans d’emprisonnement contre lui. Selon l’un de ses avocats, cet ancien étudiant au Canada, qui avait ensuite séjourné en Tunisie, avait été dénoncé à la police par sa mère, « inquiète de sa religiosité subite ». Ses fréquentations au Canada, et le fait qu’une de ses relations lui avait remis de l’argent, avaient alimenté les soupçons à son encontre.

Après avoir rendu cette décision, la même chambre du tribunal a repris lundi le procès d’une trentaine de djihadistes présumés, dont un imam et plusieurs femmes, renvoyé à trois reprises depuis son ouverture le 27 décembre 2017.

Le Sénégal a été jusqu’à présent épargné par les attentats djihadistes qui ont frappé d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Mais la sécurité a été renforcée devant les hôtels et de nombreux bâtiments publics après les attentats qui ont touché depuis 2016 le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, alors que le Mali voisin est le théâtre d’attaques quasi quotidiennes.