Devant le portrait de Mao Zedong, sur la place Tiananmen, à Pékin. / CHINA STRINGER NETWORK / REUTERS

La croisade menée par le président chinois Xi Jinping au nom du Parti communiste chinois (PCC) fait des émules dans des domaines inattendus : l’une des 23 banques de sperme chinoises, l’hôpital n° 3 de l’université de Pékin, a sollicité, sur la messagerie chinoise WeChat, mercredi 4 avril, des donneurs dotés « de la plus haute qualité idéologique ». Ceux-ci doivent « défendre le rôle dirigeant du parti, faire preuve de loyauté envers la cause du parti et être des citoyens honnêtes, respectueux de la loi, et libres de tout problème politique ». Le message publicitaire a toutefois été effacé vendredi après une volée de quolibets sur les réseaux sociaux chinois autour de ce « sperme rouge » au fort relent d’eugénisme.

Les banques de sperme chinoises sont uniquement ouvertes aux couples dont le mari souffre de stérilité ou d’une maladie génétique. Les demandes d’insémination artificielle seraient toutefois en hausse depuis l’assouplissement de la politique de l’enfant unique en 2015. L’annonce précise en outre que les candidats devront être âgés entre 20 et 45 ans, exempts de maladie génétique ou infectieuse et sans surpoids, calvitie ni daltonisme. Ceux qui seront retenus recevront 5 500 yuans (710 euros) pour une dizaine de dons. Aucun test n’est toutefois prévu pour la « haute qualité idéologique » requise, selon un médecin de l’hôpital interrogé par le South China Morning Post de Hongkong.

Cette prime à l’idéologie est révélatrice. M. Xi, un fils de grand révolutionnaire, se présente depuis sa prise de pouvoir en 2012 comme le sauveur du parti. Le 19e congrès du PCC, en octobre dernier, a amendé la charte du parti pour faire du « rôle dirigeant du PCC la caractéristique la plus essentielle du socialisme aux couleurs chinoises » – en précisant : « le parti, le gouvernement, l’armée, le peuple, la science, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, c’est au parti de tout diriger ». Ce retour du PCC au centre du jeu – aux dépens des institutions gouvernementales – a ensuite été parachevé par une vaste refonte administrative et constitutionnelle annoncée en mars dernier.