Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, à Paris, le 9 avril. / SPA / DPA

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman Al-Saoud, en visite officielle en France depuis dimanche, fait l’objet d’une plainte, déposée lundi 9 avril par une association yéménite de défense des droits de l’homme auprès de magistrats du pôle spécialisé sur les crimes de guerre du tribunal de grande instance de Paris, selon une information de Franceinfo confirmée à Reuters par les avocats français de l’ONG.

Taha Hussein Mohamed, avocat et directeur du Legal Center for Rights and Development (LCRD), et ses deux conseils français ont profité de la venue en France du prince héritier saoudien pour l’accuser officiellement de complicité de torture et de traitements inhumains au Yémen, en 2015, alors qu’il était ministre de la défense et qu’il dirigeait la coalition arabe engagée dans la répression des rebelles houthistes.

« L’existence de bombardements indiscriminés par les forces armées de la coalition touchant les populations civiles au Yémen sont de nature à caractériser des actes de torture », écrivent-ils, en citant des cas documentés par les organisations non gouvernementales Human Rights Watch (HRW), Amnesty international et Oxfam ou des rapports de l’Organsation des Nations unies. Selon Franceinfo, la plainte accuse Mohammed Ben Salman d’avoir « sciemment » pris pour cible des populations civiles yéménites.

Détentions et disparitions

La plainte s’appuie aussi sur une enquête de l’agence de presse américaine Associated Press (AP) révélant l’existence au Yémen d’au moins 18 sites de détention gérés par les Emirats arabes unis (EAU), alliés de l’Arabie saoudite, ou par des forces yéménites entraînées par les EAU, et relatant disparitions et cas de torture. Ils évoquent également des détentions arbitraires et l’usage par la coalition d’armes à sous-munitions illégales. Ils dénoncent enfin le fait que des millions de personnes soient privées d’accès aux biens de première nécessité par des attaques aériennes « indiscriminées » et un blocus maritime.

Me Breham fait valoir que Paris a ratifié la convention contre la torture qui lui donne le droit – et même le devoir – d’enquêter sur toute personne soupçonnée de ce type de crimes, même étrangère, à partir du moment où elle pose le pied sur le sol français.