Lors des municipales de mai 2017, Mohammad-Ali Najafi avait mis fin à quatorze ans de domination des conservateurs à la tête de la mairie de la capitale iranienne. / ATTA KENARE / AFP

Mohammad-Ali Najafi, le maire, réformateur de Téhéran, a démissionné, mardi 10 avril, de ses fonctions. Selon la télévision d’Etat iranienne, sa démission a été acceptée mardi matin par le conseil municipal, qui a confié l’intérim de la mairie à un de ses adjoints, Samiollah Hosseini Makarm.

Lors des municipales de mai 2017, Mohammad-Ali Najafi avait mis fin à quatorze ans de domination des conservateurs à la mairie de la capitale iranienne. Selon plusieurs médias iraniens, M. Najafi a justifié sa démission par des problèmes de santé dont il n’a pas révélé la nature, précisant simplement qu’ils nécessitaient un traitement médical lourd.

Mais ses alliés affirment qu’il a été victime de pressions. Ancien maire de Téhéran au tournant des années 2000, Morteza Alviri a déclaré dans une vidéo publiée par le site d’information en ligne Khabaronline, proche des réformateurs, que M. Najafi avait été récemment convoqué en pleine nuit au parquet « de manière assez peu courtoise ». « J’ai entendu dire qu’il avait été menacé d’arrestation », a-t-il ajouté.

Spectacle de danse traditionnelle

M. Najafi s’est retrouvé au cœur d’un polémique au début de mars à propos d’un spectacle donné à la mairie lors duquel des écolières avaient exécuté une danse traditionnelle. La loi islamique en vigueur en Iran interdit la danse en public et l’Autorité judiciaire, aux mains des conservateurs, avait annoncé vouloir poursuivre les responsables de la fête.

Le procureur général du pays lui-même, Mohammad Jafar Montazeri, s’était saisi de l’affaire, et le maire avait présenté sa démission quelques jours plus tard. Celle-ci a été rejetée dimanche lors d’un vote du conseil municipal, qui a renouvelé à cette occasion sa confiance à M. Najafi, qui, nonobstant, a présenté une nouvelle fois sa démission lundi.

Comment un spectacle de danse a conduit à la démission du maire de Téhéran
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Critiquant une immixtion du pouvoir judiciaire dans le champ politique, les alliés de M. Najafi ont demandé pourquoi le chef du parquet national avait choisi de se pencher sur l’affaire du spectacle de danse plutôt que sur les accusations de corruption portées par le maire contre l’équipe municipale précédente.

En janvier, M. Najafi avait présenté un rapport sur la gestion de son prédécesseur, l’ultraconservateur Mohammad Bagher Ghalibaf, ancien chef de la police nationale, dénonçant des détournements de fonds massifs et des milliers d’emplois fictifs à la mairie.