En 2008, à Caen. / MYCHELE DANIAU / AFP

Compenser la chute inexorable du courrier et soutenir la croissance effrénée des colis, tout en se redéployant sur l’ensemble du territoire. Telle est l’équation compliquée à laquelle doit répondre la direction de La Poste. Le groupe a dévoilé, mercredi 11 avril, le volet industriel de son nouveau plan stratégique. « Nous prévoyons d’investir 450 millions d’euros pour redéployer notre outil industriel » sur les trois prochaines années, indique Philippe Dorge, le directeur général adjoint chargé de la branche services-courrier-colis.

D’ici à 2020, La Poste souhaite porter le chiffre d’affaires de cette branche de 11,9 milliards à 12,3 milliards d’euros, soit la moitié des revenus du groupe. Pour atteindre cet objectif, l’entreprise publique souhaite « livrer plus de colis, et plus vite », poursuit M. Dorge. Alors qu’en 2015 La Poste en livrait 278 millions, elle en a distribué 318 millions en 2017. Elle vise désormais 400 millions de colis par an, du fait de l’essor de l’e-commerce.

Alors qu’en 2015 La Poste livrait 278 millions de colis, elle en a distribué 318 millions en 2017

Le tout, avec une part de plus en plus importante de colis livrés en « J + 1 », soit un jour après l’envoi. « C’est la nouvelle norme de ce marché ultraconcurrentiel », constate M. Dorge. La Poste n’est pas encore en capacité physique d’atteindre ces volumes ou ces délais raccourcis. « Pour y arriver, nous avons décidé d’augmenter le nombre de nos plates-formes de tri de nos colis. Trois sont en cours d’ouverture pour porter le total à 17 plates-formes sur l’ensemble du territoire », indique M. Dorge.

Baisse du nombre de plis transportés

Dans le même temps, La Poste va transformer sa centaine de plates-formes de préparation et de distribution du courrier en plates-formes mixtes courrier et colis. « Nous avons d’ores et déjà converti quinze sites », précise Benjamin Demogé, le directeur du développement industriel, de la logistique et des systèmes d’information du groupe. Cette transformation du réseau logistique de La Poste nécessite d’investir avant tout dans des machines de tris, qui coûtent plusieurs dizaines de millions d’euros pièce, et dans l’accompagnement logiciel.

Pour le courrier, La Poste doit toujours faire face à la baisse du nombre de plis transportés. Alors que, en 2002, 18,5 milliards de plis étaient acheminés, ils n’étaient plus que 10,5 milliards en 2017. « En 2020, cela pourrait tomber entre 7 milliards et 9 milliards de plis », complète M. Dorge. Ce constat est d’autant plus cruel que La Poste avait investi, à partir de 2004, plus de 3 milliards d’euros pour se doter d’un réseau d’une cinquantaine de plates-formes industrielles du courrier (PIC) pour faire face à la croissance de la livraison de plis…

Création d’« îlots » pour les facteurs

Au contraire, depuis 2012, rappelle le syndicat FO, le groupe a multiplié les fermetures, fusions et autres restructurations de PIC. D’ici à 2020, il ne devrait en rester que vingt-huit, soit cinq de moins qu’en 2017. En parallèle, l’entreprise publique entend réinvestir les territoires en y créant des « îlots » pour les facteurs. Aujourd’hui, ces derniers préparent leur tournée au sein des plates-formes de préparation du courrier, quelques fois à plus d’une heure du territoire à desservir. Demain, 3 000 îlots irrigueront l’ensemble du pays.

Un îlot rassemblera moins d’une dizaine de facteurs. Ils pourront mener leur tournée de courriers et de colis toujours plus nombreux dans de meilleures conditions, assure La Poste, tout en effectuant des prestations de service, que le groupe est en train de développer pour diversifier ses revenus (livraison de repas, collecte de déchets…). « Notre force et notre avenir, résume M. Dorge, c’est avant tout notre réseau de facteurs ! »