L’ultranationaliste serbe Vojislav Seselj condamné en appel pour crimes contre l’humanité
L’ultranationaliste serbe Vojislav Seselj condamné en appel pour crimes contre l’humanité
L’homme de 63 ans a été condamné mercredi à une peine de dix ans de réclusion pour son rôle dans les conflits sanglants en ex-Yougoslavie durant les années 1990.
Vojislav Seselj lors d’une conférence de presse à Belgrade, en Serbie, le 9 mars 2016. / Darko Vojinovic / AP
Acquitté en première instance en 2016, l’ultranationaliste serbe Vojislav Seselj a été condamné en appel, mercredi 11 avril, pour crimes contre l’humanité par un tribunal des Nations unies qui le jugeait pour sa responsabilité dans les conflits sanglants en ex-Yougoslavie durant les années 1990.
Il a été reconnu coupable de « persécution », « déportation », « transferts forcés » de populations, des infractions qualifiées de « crimes contre l’humanité ». Et contrairement à ce qu’avaient estimé les juges en première instance, ses discours enflammés de 1991 à 1993, au début du conflit dans l’ex-Yougoslavie, ont bel et bien « incité à la violence » et « violé le droit à la sécurité » des populations non serbes, relève le jugement. De par « son influence sur la foule », « M. Seselj a contribué de manière substantielle au comportement de ceux qui ont perpétré » les crimes, poursuit le texte.
Partisan virulent de la Grande Serbie, député et fondateur du Parti radical serbe (SRS, extrême droite), M. Seselj a été condamné à dix ans de prison mais restera libre, la peine étant couverte par la détention déjà effectuée, a précisé le juge américain Theodor Meron qui présidait l’audience à La Haye. L’homme de 63 ans, qui était absent à ce procès en appel, a déjà effectué près de douze ans de prison entre février 2003 et novembre 2014, quand il avait été libéré pour raisons de santé.
« Fier des crimes »
Réagissant à sa condamnation, l’ultranationaliste s’est dit mercredi « fier des crimes qui [lui] sont imputés » par la justice internationale et a assuré qu’il était « prêt à les répéter à l’avenir ».
Pour ses détracteurs, M. Seselj a personnifié le nationalisme serbe pendant les conflits dans les Balkans, aux côtés notamment de l’ex-président serbe Slobodan Milosevic, mort en 2006 dans sa cellule à La Haye. Il lui a été reproché entre autres d’avoir encouragé ses troupes à « n’épargner personne » au cours du siège de la ville croate de Vukovar en 1991. Au total, la guerre avait fait 20 000 morts en Croatie et 100 000 en Bosnie.
Ancien vice-premier ministre de Milosevic, Seselj était resté son allié jusqu’à sa chute à l’automne 2000. Mais deux ans après Milosevic, le chef du SRS s’était livré à son tour en 2003 à la justice internationale. Il avait été autorisé à rentrer en Serbie en 2014 pour y être soigné d’un cancer.
Acquitté à la surprise générale en 2016
En mars 2016, il avait été acquitté au terme d’un procès de huit ans, en mars 2016, par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de neuf chefs d’accusation pour un « nettoyage ethnique » ayant visé des Croates, des musulmans et autres non-Serbes dans les années 1990. A la surprise générale, le tribunal avait notamment jugé que ses discours ne procédaient pas d’un dessein criminel et qu’ils étaient destinés à renforcer le moral des troupes.
A l’époque, les trois juges, avaient considéré que l’ultranationaliste n’était pas « le chef hiérarchique » des milices de son Parti radical puisque celles-ci étaient passées sous le contrôle de l’armée, et qu’il n’était donc pas responsable de leurs actes.
L’accusation, qui avait rapidement interjeté appel, cherchait à renverser cet acquittement et à « casser le jugement, entaché de nombreuses erreurs, rendu par la chambre de première instance du TPIY ». Le dossier était désormais entre les mains du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), compétent pour reprendre toute affaire du TPIY.