Drapeaux algériens en berne / RYAD KRAMDI / AFP

L’Algérie a observé, jeudi 12 avril, un deuil national au lendemain du crash d’un avion militaire, qui a fait 257 morts, la pire catastrophe aérienne de l’histoire du pays.

A Alger, les drapeaux nationaux, vert et blanc frappés de l’étoile et du croissant rouges, sont en berne sur les bâtiments et les places publiques, de même que ceux de nombreuses ambassades étrangères. Des minutes de silence ont été observées dans certaines administrations ou institutions.

Plusieurs grandes entreprises ont publié des encarts dans la presse pour présenter leurs condoléances aux familles des victimes. De nombreux événements culturels ou festifs ont été annulés, comme une représentation que devait organiser le ministère de la culture mercredi soir à l’opéra d’Alger et un concert prévu pour samedi.

Les instituts français d’Algérie ont annoncé l’annulation de tous leurs événements jusqu’au 13 avril, et l’institut culturel italien celle d’un concert prévu vendredi soir à Alger.

Vendredi, la « prière de l’absent » sera récitée à la mémoire des victimes dans toutes les mosquées du pays après la grande prière hebdomadaire, alors qu’aucune annonce n’a été faite concernant leurs funérailles.

257 corps à identifier

Le vice-ministre de la défense et chef d’état-major des forces armées algériennes, le général Ahmed Gaïd Salah, a assisté jeudi, à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja d’Alger, « à la levée des corps » des « premières victimes identifiées », a annoncé le ministère de la défense. Le ministère ne précise pas combien de dépouilles ont pu être identifiées, mais des photos de la cérémonie publiées sur son site internet montrent au moins sept cercueils recouverts du drapeau algérien.

L’appareil, qui venait de décoller et était donc rempli de carburant, s’est embrasé en touchant le sol. Il a fallu environ deux heures pour éteindre l’incendie, et de très nombreux corps étaient carbonisés, rapportent les médias algériens. Les causes du crash sont encore inconnues.

L’Institut national de criminalistique et criminologie (INCC) de la gendarmerie nationale est chargé des victimes dont l’identification nécessite des analyses ADN. Il n’a pas précisé combien de temps sera nécessaire pour mettre un nom sur les 257 victimes, 10 membres d’équipage et 247 passagers, majoritairement des militaires et leurs familles qui regagnaient leurs garnisons respectives dans l’extrême sud du pays. A l’hôpital militaire Aïn Naâdja d’Alger, où les corps ont été transportés, une cellule d’aide psychologique accueille les proches, mais aussi les témoins de l’accident.

Les images de l’épave de l’avion qui s’est écrasé en Algérie
Durée : 00:56

Les raisons du crash restent inconnues

Dans les kiosques, les photos de l’immense empennage noir et calciné de l’Iliouchine 76 accidenté couvrent largement jeudi les « unes » de la plupart des quotidiens du pays. La presse algérienne consacre ses colonnes à la « tragédie » et au « choc » que constitue ce drame en Algérie, plutôt que de spéculer dans l’immédiat sur ses causes, pour l’heure inconnues.

Néanmoins, plusieurs titres rappellent dans leurs articles que la catastrophe de mercredi est la dernière en date d’une « série noire » d’accidents aériens, particulièrement d’appareils militaires, qui ont endeuillé l’Algérie ces dernières années. Surtout, certains journaux soulignent que l’âge des appareils de l’armée algérienne et leur entretien ont été mis en avant lors des précédents drames. « Sollicités, certes, parfois (jusqu’)à l’usure, les appareils de l’armée de l’air couvrent un territoire immense, plus de 6 000 km de frontières », mais « les crashs récurrents sont-ils une fatalité pour autant ? », s’interroge le quotidien francophone El Watan. Le quotidien arabophone El Khabar affirme de son côté que les précédents accidents étaient dus « dans la plupart des cas à un mauvais entretien de la flotte aérienne militaire ».

Alors que les autorités ont annoncé une enquête sur l’accident, le quotidien Liberté rappelle « qu’à ce jour (…) très peu de chose, voire rien, n’a filtré sur les enquêtes » concernant les précédents accidents.