L’essentiel

  • Samedi 7 avril, les rebelles au régime de Bachar Al-Assad affirment qu’une attaque chimique perpétrée par Damas a fait des dizaines de morts à Douma, en Syrie ;
  • Dès le lendemain, le président américain, Donald Trump, menace le régime d’Assad et ses alliés de représailles ;
  • De son côté, la Russie prétend que l’attaque « a été inventée » et « mise en scène » par le Royaume-Uni, avec qui elle est en conflit dans l’affaire Skripal, du nom d’un ex-espion russe empoisonné en Angleterre.

Le contexte

L’attaque chimique supposée, attribuée au régime syrien, a eu lieu à Douma, dans la Ghouta orientale, alors encore aux mains des rebelles. La ville a été reprise par l’armée syrienne, soutenue par la Russie, le jeudi 12 avril. Si les « casques blancs » avancent le chiffre de 43 morts, le comptage des corps sur des vidéos permet de confirmer la présence de 34 cadavres sur le site de l’attaque.

Après une semaine d’escalade diplomatique, les Occidentaux passaient encore en revue, vendredi, leurs options militaires pour sanctionner le régime syrien, qu’ils accusent d’avoir perpétré l’attaque.

Le tweet

« La Russie promet d’abattre tous les missiles lancés contre la Syrie. Prépare-toi, Russie, parce qu’ils arrivent, beaux, nouveaux et “intelligents” ! » a déclaré Donald Trump sur son compte Twitter, le 11 avril.

Le président américain s’est montré particulièrement virulent depuis l’attaque, estimant dès le 8 avril que le régime syrien devait en être « tenu responsable ». Le lendemain, le destroyer lance-missiles USS Donald Cook quitte le port chypriote de Larnaca pour une zone d’où il peut facilement frapper la Syrie.

M. Trump a toutefois fini par modérer ses propos. Vendredi, il n’avait toujours pas pris de « décision finale », selon l’ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’ONU, Nikki Haley.

La position des Occidentaux

Bien que se disant convaincus de la responsabilité du régime de Bachar Al-Assad, les Occidentaux semblaient temporiser vendredi face aux craintes d’une « escalade militaire totale » en Syrie.

  • Londres reste prudent sur sa participation à d’éventuelles représailles militaires, préférant s’en remettre à la « coordination d’une réponse internationale » à une question qui divise profondément l’opinion et la classe politique du Royaume-Uni ;
  • Le président français, Emmanuel Macron, était resté évasif sur le calendrier d’une éventuelle intervention militaire, tout en assurant avoir « la preuve » de l’implication du régime de Bachar Al-Assad dans l’attaque. Vendredi, Washington a également affirmé avoir la « preuve » que les forces de Bachar al-Assad avaient utilisé des armes chimiques à Douma, par la voix de la porte-parole du département d’Etat, Heather Nauert.
  • La chancelière allemande, Angela Merkel, a elle jugé « évident » que le régime syrien disposait encore d’un arsenal chimique, tout en soulignant que Berlin ne participerait pas à des actions militaires contre Damas.

La citation

« La priorité est d’éviter le danger d’une guerre. »

C’est ce qu’a déclaré, jeudi, l’ambassadeur russe auprès de l’ONU.

Moscou, soutien indéfectible du régime de Bachar Al-Assad, a mis en garde vendredi Emmanuel Macron contre tout « acte irréfléchi et dangereux » en Syrie, qui pourrait avoir des « conséquences imprévisibles ».

Pour le Kremlin, « l’utilisation d’armes chimiques à Douma a été inventée, et ne peut être utilisée comme prétexte pour avoir recours à la force ». L’armée russe dit disposer de « preuves » de la « participation directe de la Grande-Bretagne » à la « mise en scène » de l’attaque.

Et maintenant ?

SPENCER PLATT / AFP

Lors d’une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, vendredi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est inquiété « des tensions de plus en plus vives ». « L’incapacité à trouver un compromis pour établir un mécanisme d’enquête menace de conduire à une escalade militaire totale », a-t-il averti, appelant les membres du Conseil de sécurité « à agir de manière responsable dans ces circonstances dangereuses ».

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui doit se réunir lundi, a annoncé que ses experts étaient en route pour la Syrie et commenceraient leur travail samedi.