Un rassemblement en hommage à Javier Ortega, Paul Rivas et Efrain Segarra, à Quito le 13 avril. / RODRIGO BUENDIA / AFP

Le président équatorien, Lenin Moreno, a confirmé vendredi 13 avril ce que redoutait le pays tout entier : les deux journalistes et le chauffeur du quotidien El Comercio, enlevés à la fin du mois de mars à la frontière avec la Colombie, ont été tués par leurs ravisseurs.

« Malheureusement, l’information que nous avons confirme l’assassinat de nos compatriotes », sans doute kidnappés par des dissidents de l’ancienne guérilla colombienne des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) impliqués dans le trafic de drogue, a annoncé le chef d’Etat dans une déclaration à la presse à Quito.

Le reporter Javier Ortega, 32 ans, le photographe Paul Rivas, 45 ans, et leur chauffeur, Efrain Segarra, 60 ans, avaient été kidnappés alors qu’ils effectuaient un reportage dans la localité de Mataje, limitrophe de la Colombie.

Ils n’avaient pas été vus en vie depuis une vidéo transmise à la presse colombienne le 3 avril, dans laquelle ils apparaissaient les bras et le cou enchaînés. Les espoirs concernant le sort des otages s’étaient amincis au fil de la matinée de vendredi, au lendemain de la diffusion de photos inquiétantes de leurs possibles cadavres.

Le président équatorien promet de réagir « avec la plus grande fermeté »

« Nous sommes en deuil », a déclaré le président équatorien, quelques heures après la fin de l’ultimatum qu’il avait lancé aux ravisseurs leur intimant de prouver que les otages étaient encore en vie. Le président, qui avait promis d’agir « avec la plus grande fermeté » pour « punir ces gens » en l’absence de réponse positive, a immédiatement mis sa menace à exécution :

« Nous avons relancé (…) les opérations militaires et policières qui avaient été suspendues dans la zone frontalière et décidé le déploiement immédiat des unités d’élite des forces armées et de la police nationale à cet endroit. »

La confirmation de la mort de ces otages représente un coup terrible pour l’Equateur, qui n’avait pas été confronté à un enlèvement de journalistes depuis des décennies et se targuait d’être un havre face à la violence générée par le narcotrafic en Colombie.

Angoissées, des dizaines de journalistes, proches des otages et citoyens s’étaient rassemblées vendredi matin face au palais présidentiel, à Quito, dans l’attente de connaître le sort des otages.

Depuis le début de cette affaire, Bogota accuse des guérilleros colombiens dissidents groupés sous le nom de « Front Oliver Sinisterra » et liés au trafic de drogue d’être les ravisseurs. Cette organisation, qui compte entre soixante-dix et quatre-vingts hommes, est dirigée par un Equatorien, Walter Artizala, surnommé « Guacho », qui est l’un des hommes les plus recherchés aussi bien en Colombie qu’en Equateur.