Des milliers de personnes ont manifesté, samedi 14 avril à Nantes, en soutien aux occupants illégaux de la « zone à défendre » (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes, visée depuis six jours par une opération massive d’expulsion de la gendarmerie. « Ils ont voulu nous enterrer, ils ne savaient pas que nous étions des graines », ou « Libérez nos fossés, expulsez les blindés », proclamaient des pancartes et des banderoles.

Après un début calme, les CRS ont répondu à un jet de pierres sur leurs camions par un premier tir de gaz lacrymogènes. Paniqués, les manifestants se sont mis à courir dans tous les sens. Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a dénoncé « fermement les violences commises à Nantes » :

« Leurs auteurs n’ont pour objectifs qu’entraver le dialogue en cours avec l’Etat et provoquer nos forces de l’ordre. L’avenir de Notre-Dame-des-Landes se construira dans l’apaisement. Pas dans la violence. »

Les organisateurs espéraient réunir 4 000 personnes à cette manifestation encadrée par un millier de policiers, selon une source proche du dossier. Ils étaient finalement entre 6 700, selon la préfecture, et 10 000, selon les organisateurs.

« Mobilisation policière hallucinante »

Selon les zadistes, les forces de l’ordre ont bloqué leur cortège au début du parcours pour l’empêcher de faire jonction avec un cortège syndical et étudiant. « Mobilisation policière hallucinante, barrières anti-émeutes, nuage épais et constant de gaz lacrymogènes et mise en action des canons à eau », ont-ils observé dans un communiqué.

Jennifer, 35 ans, maraîchère, était venue pour dénoncer l’intervention « très violente » des forces de l’ordre cette semaine. « On habite à 10 km de la ZAD et on entend les grenades assourdissantes de chez nous », a-t-elle raconté. Elle a déploré le délai trop court entre la décision d’abandon du projet et les opérations de démolition : « S’il y avait eu plus de temps avant l’intervention, certainement que des personnes seraient parties d’elles-mêmes. »

D’autres manifestants, Evelyne, 69 ans, Simone, 65 ans, et Claude, 77 ans, étaient en week-end à Guérande, mais ils ont poussé jusqu’à Nantes, « contre le bétonnage, l’agriculture intensive et pour la protection de la nature » et « en soutien de la liberté ». « J’aime bien l’idée d’une autre manière de vivre », a expliqué Evelyne.