Personnel hospitalier. Certains diplômes universitaires proposent aux professionnels d’acquérir des compétences pour leur permettre d’accompagner les évolutions de leur métier, pour leur donner des outils de reflexion et d’action. / Sue Barr/Image Source / Photononstop / Sue Barr/Image Source / Photononstop

La quête de sens est aussi un ­moteur dans le choix d’entamer une formation continue. Nombre de professionnels décident d’acquérir de nouvelles compétences qui répondent à des motivations per­sonnelles.

Une vingtaine de stagiaires s’inscrivent ainsi chaque année au master 2 santé publique « enfance, jeunesse : politiques et accompagnement », dispensé par l’Ecole des hautes études en santé publique. Au programme : délinquance juvénile, décrochage scolaire, manque de soutien des jeunes entre 21 et 25 ans…

« Alors qu’ils sont militants et investis dans des causes associatives, cette année d’étude leur permet de prendre de la distance, d’analyser, de mieux comprendre la réalité telle qu’elle est, et d’ainsi avoir des outils pour agir », explique Virginie Muniglia, enseignante-chercheuse responsable du master.

Accompagner l’évolution de son métier

Le diplôme universitaire (DU) « accompagnement à la parentalité » de l’université d’Angers, créé en 2016, est le seul diplôme universitaire permettant de répondre aux attentes de parents dé­munis, submergés par des « injonctions paradoxales » en termes d’éducation. Tout en répondant à des besoins de compétences identifiés par les partenaires du DU, le conseil régional, le CHU et des psychologues.

« L’une des particularités des formations continues à l’université est cette capacité à développer un esprit méthodologique d’analyse qui permet d’accompagner l’évolution de son métier », affirme Thierry Latouche, directeur de la formation continue de l’université d’Angers.

Le quatrième « plan autisme », annoncé le 6 avril, devrait donner un écho au DU « les troubles du spectre de l’autisme », de l’université de Strasbourg (Unistra). Mieux comprendre, mieux accompagner les personnes dans le domaine de la santé et changer les mentalités, telles sont les ­ambitions de ce DU.

« Face aux difficultés rencontrées par les établissements et les professionnels de san­té, les méthodes changent, veut croire Eric Bizet, docteur en psychologie et maître de conférences associé à l’Unistra. Grâce à une ­approche neurocomportementale, les enfants et adultes sont mieux diagnostiqués, leurs troubles mieux compris. Les stagiaires devenus experts aspirent à favoriser l’inclusion de ces personnes dans la vie ordinaire ». Tout en étant assurés de répondre à un besoin du marché du travail.

Comprendre la montée des ­conflits liés aux tensions religieuses est l’un des objectifs des stagiaires du DU « médiation socioreligieuse » piloté par la Faculté ­libre d’études politiques et en économie solidaire, en partenariat avec l’université alsacienne.

« Plus ­encore que comprendre, précise Isabelle Ullern, doyenne de la ­faculté, ils veulent approfondir leurs compétences pour intégrer ces questions dans leurs univers professionnels et agir en tant que médiateur dans les conflits. Ils sont médiateurs scolaires, travailleurs sociaux, urgentistes, infirmiers, directeurs d’établissement pénitentiaire, responsables de formation ou de milieux associatifs mais aussi élus. »

Bien-être au travail et respect de l’environnement sont des enjeux majeurs pour les stagiaires du mastère spécialisé « management global RSE et développement durable » proposé par l’Ecole des ­mines, à Paris.

Transformer leurs actions isolées en leviers pour l’entreprise

« La majorité de nos stagiaires ont déjà commencé à chercher du sens dans leur travail. Parce que nous sommes une école d’ingénieurs, ils viennent chez nous pour s’outiller et transformer leurs actions isolées en un levier pour leur entreprise, témoigne Jasha Oosterbaan, directrice de l’Institut supérieur d’ingénierie et de gestion de l’environnement, intégré à Mines ParisTech. Le master apporte depuis dix ans des outils pour que les enjeux de santé, de sécurité et de qualité au travail, tout autant que les enjeux environnementaux, soient bien pris en compte au sein de l’entreprise et ­remontent au niveau stratégique. »

Ces stagiaires «décident de ne plus être objet mais sujet de leur ­devenir».

Se former, comprendre, acquérir des compétences pour pouvoir agir. Ces stagiaires « décident de ne plus être objet mais sujet de leur ­devenir », résume Ali Armand, coresponsable du DU « sciences humaines et sociales » à l’université Paris-Nanterre.

La majorité d’entre eux sont des femmes, remarquent les personnes interviewées. Pour Ali Armand, « elles sont plus attentives à la recherche de sens ». Eric Bizet est moins affirmatif : « Il y a une majorité de femmes dans ma formation car elles sont majori­taires dans le milieu médico-social. ­Elles ont une plus grande appétence pour les métiers du soin, de l’accompagnement et de l’éducation », reconnaît-il. Mais ces domaines sont aussi moins attractifs pour les hommes, « car les salaires y sont plus faibles, justement parce que ce sont les femmes qui y ­travaillent principalement ».

Découvrez notre dossier spécial formation continue diplômante

Le Monde publie, dans son édition datée du jeudi 12 avril, un supplément dédié à la formation continue dipômante. Car le projet de loi « avenir professionnel », qui sera présenté le 27 avril en conseil des ministres, impose une nouvelle philosophie, celle de salariés en mouvement « tout au long de leur vie », pour qui les diplômes et certifications seront une garantie d’emploi.

Les différents articles du supplément seront progressivement mis en ligne sur Le Monde.fr Campus, rubrique Formation des cadres et Le Monde.fr Economie, rubrique Emploi/Formation.