L’attaquant uruguayen du PSG Edinson Cavani célèbre le sacre du club en Ligue 1, le 15 avril, au Parc des princes. / MICHEL EULER / AP

Etrange soirée au Parc des princes. Malgré la correction (7-1) infligée à l’AS Monaco, dimanche 15 avril, les supporteurs du Paris-Saint-Germain ont rapidement quitté l’enceinte après le coup de sifflet final. Pourtant, en surclassant son dauphin aux abois, en clôture de la 33e journée de Ligue 1, le club de la capitale venait de s’adjuger – officiellement – le septième titre de champion de France de son histoire tout en récupérant une couronne confisquée, la saison dernière, par la formation de la principauté.

Cette démonstration est à l’image du parcours des joueurs de l’entraîneur Unai Emery sur la scène nationale. Impitoyable, le PSG a survolé la compétition : il compte 17 points d’avance sur Monaco, a inscrit 103 buts et en a encaissé seulement... 23. En faisant opportunément match nul (1-1) à Saint-Etienne lors de la 32e journée, le PSG se préparait ainsi à célébrer cet énième sacre devant ses supporteurs et dans ses « murs ». Il lui suffisait de terrasser l’ASM, tenant du titre et désireux de conserver sa deuxième place, synonyme de qualification directe pour la Ligue des champions.

Au Parc des princes, il n’y eut toutefois ni liesse ni électricité dans l’air. Les talonnades d’Angel Di Maria, bicyclettes osées de Daniel Alves et autres ailes de pigeon de Javier Pastore ont, certes, amusé la galerie mais il a fallu attendre plus d’une heure de jeu pour que le stade donne (un peu) de la voix et commence à ronronner. Alors que la commission de discipline de la Ligue de football professionnal (LFP) avait imposé un huis clos partiel au virage Auteuil pour des fumigènes allumés, en février, contre l’Olympique de Marseille, le Collectif Ultras Paris (CUP) avait lancé une opération « tribune morte », incitant ses sympathisants à boycotter la rencontre ou à garder le silence.

« Et il est mort le Parc des princes! »

La consigne semble avoir été respectée à la lettre dans la mesure où, malgré le déluge de buts en première période, le public du Parc n’a guère vibré ni chanté. « Et il est mort le Parc des princes, ont scandé, provocateurs, les supporteurs monégasques. On est chez nous! On n’entend rien. » « On est champions », ont timidement riposté, en fin de seconde mi-temps, les spectateurs parisiens.

Au coup de sifflet final, les gerbes et cotillons colorés n’ont pas réchauffé l’ambiance. Le speaker du Parc, Michel Montana, a bien essayé de réveiller le public en soulignant la portée historique de ce cinquième titre en Ligue 1 (2013, 2014, 2015, 2016, 2018) tombé dans l’escarcelle du fonds Qatar Sports Investments, propriétaire du PSG depuis 2011. Las.

Sur la pelouse, il n’y a pas eu non plus d’excès de triomphalisme chez les joueurs parisiens. Ces derniers ont formé une chaîne pour aller communier avec leurs supporteurs tandis que les tribunes se vidaient inexorablement. Torse nu, le buteur Edinson Cavani s’est même emparé d’un drapeau aux couleurs du club pour l’agiter frénétiquement. Avant de lever les bras au ciel, les poings serrés. Image un zeste trompeuse, en parfait décalage avec l’ambiance pesante de la soirée.

Le baroud d’honneur d’Unai Emery

Très en retrait, les mains dans les poches, Unai Emery n’a pas explosé de joie à la fin du match. Celui dont le sort est déjà scellé depuis le 6 mars et l’élimination par le Real Madrid en huitièmes de finale de Ligue des champions a échangé quelques mots avec les membres de son staff avant de regagner les vestiaires. Ses joueurs l’ont rapidement imité, ne s’attardant pas sur la pelouse.

« Après la défaite face au Real Madrid, l’équipe aurait pu tomber. Mais cela n’a pas été le cas. Elle a su réagir et rester solidaire, a confié Unai Emery, dans l’auditorium du Parc. Contre Saint-Etienne, la semaine dernière, nous avons fait la pire première période de la saison. Ensuite, à dix contre onze, nous avons réagi. C’est le signe d’une grande force collective. C’est pourquoi je crois en cette équipe, avec ou sans moi. »

En l’absence de la star brésilienne Neymar, convalescente, ce triomphe face à Monaco s’apparente à un baroud d’honneur pour le technicien espagnol, dont le contrat expire le 30 juin et qui passera le flambeau à son successeur déjà désigné, l’Allemand Thomas Tuchel. En route pour un quadruplé sur la scène hexagonale, il tentera d’emmener ses protégés en finale de Coupe de France, le 8 mai, au Stade de France.

Pour défier l’un des deux lutins de National (Chambly ou Les Herbiers), il devra éliminer Caen, mercredi 18 mai, dans le dernier carré. Si la saison des Parisiens semble terminée depuis leur sortie de route en Ligue des champions, ils peuvent encore gonfler leurs statistiques délirantes en Ligue 1. Le PSG version QSI n’a plus qu’à inscrire seize buts et décrocher encore quatre victoires pour faire tomber de nouveaux records sur la scène hexagonale. En attendant de franchir un palier en Ligue des champions, le seul tournoi qui compte réellement aux yeux des propriétaires qataris.