Des fleurs devant l’entrée du Musée juif de Bruxelles, le 25 mai 2014. / GEORGES GOBET / AFP

Le djihadiste français Mehdi Nemmouche, accusé d’avoir tué quatre personnes en 2014 au Musée juif de Bruxelles, comparaîtra devant la cour d’assises de la capitale belge à la fin de 2018 ou au début de 2019 avec un complice présumé, Nacer Bendrer.

La justice belge a décidé jeudi 19 avril que ces deux hommes répondraient dans le box du même chef d’« assassinat terroriste ».

Le Français Mounir Attalah, troisième inculpé du dossier, échappe au procès. Originaire de Marseille, il avait mis en contact Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer. « Il a bénéficié d’un non-lieu, conformément au réquisitoire du parquet fédéral », a souligné le parquet dans un communiqué.

Les dates du procès de Nemmouche et Bendrer n’ont pas encore été fixées, mais il devrait se tenir au plus tard au début de 2019, ont fait savoir les avocats.

Selon l’accusation, Mehdi Nemmouche, délinquant multirécidiviste âgé aujourd’hui de 33 ans, est l’homme qui, le 24 mai 2014, avait ouvert le feu dans le hall d’entrée du Musée juif, tuant deux touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge.

A l’époque, il était revenu depuis peu de Syrie où il avait combattu dans les rangs djihadistes. Soupçonné d’y avoir été l’un des geôliers de quatre journalistes français, il a été inculpé en novembre 2017 dans l’enquête menée à Paris sur cette séquestration et un autre procès s’annonce pour lui.

Des zones d’ombre encore à éclaircir

Lors de l’instruction en Belgique sur la tuerie de mai 2014, il a reconnu avoir « joué un rôle », mais nié être le tireur.

« Il s’expliquera devant la cour d’assises. Le seul qui doit fournir des explications sur les éléments du dossier, c’est lui », a simplement dit jeudi 19 avril l’un de ses avocats, Me Henri Laquay.

Depuis son transfert à la fin de 2017 de la prison de Bruges à celle de Leuze-en-Hainaut, « sa santé va mieux », a ajouté Me Laquay à l’Agence France-Presse (AFP). En septembre ses défenseurs l’avaient présenté comme « physiquement incapable » de se défendre en raison de migraines.

Le procès pourrait éclaircir certaines zones d’ombre.

L’enquête n’a pas permis d’identifier un homme figurant sur les images d’une caméra de surveillance marchant au côté de Nemmouche à proximité de la gare du Nord de Bruxelles, à la veille de son départ pour la France.

Le djihadiste natif de Roubaix avait été arrêté le 30 mai 2014 à la gare routière de Marseille, où s’est ensuite concentrée une partie de l’enquête. Nemmouche a fait plusieurs séjours en prison dans le sud-est de la France, où il s’est radicalisé et a gardé des connaissances.

En décembre 2014, son coaccusé, Nacer Bendrer, avait été arrêté près de Marseille en possession de diverses armes, dont un fusil d’assaut de type kalachnikov qui serait très similaire à celui utilisé au Musée juif.

Il est depuis lors considéré par l’accusation comme le principal complice de l’attaque.

Dans son arrêt jeudi, la chambre des mises en accusation de Bruxelles a en revanche conclu à l’absence de preuves concernant la supposée participation de Mounir Attalah.

« Il y a eu cette mise en contact [des deux suspects], mais aucun élément concret ne permettait d’étayer la thèse selon laquelle il était au courant d’un quelconque projet terroriste », a fait valoir son avocat, Me Cédric Vergauwen, joint par l’AFP.

Les enquêtes sur Nemmouche ont montré qu’il côtoyait dès 2013-2014 plusieurs des futurs protagonistes des attentats de 2015-2016 en France et Belgique revendiqués par l’organisation Etat islamique.

« Obsession antisémite »

Parmi leurs geôliers en Syrie, les journalistes otages ont reconnu aussi Najim Laachraoui, l’un des assaillants morts le 22 mars 2016 à l’aéroport de Bruxelles.

L’un des otages, le journaliste Didier François, est resté marqué par le souvenir de Nemmouche, notamment parce qu’il y avait chez lui « une espèce d’obsession antisémite, une obsession à vouloir imiter ou dépasser [Mohamed] Merah », qui a assassiné sept personnes, dont trois enfants juifs, dans le sud-ouest de la France en 2012.

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