Le commissaire européen, Pierre Moscovici, a rejeté avec force jeudi 19 avril une éventuelle prolongation du plan d’aide à la Grèce, comme le suggérait la presse allemande, appelant à ne pas laisser « planer des doutes et des incertitudes » sur la conclusion du programme.

« La date du 20 [août] est totalement maintenue », a affirmé le commissaire dans un entretien à l’Agence France-Presse en marge des réunions de printemps du Fonds monétaire international à Washington, après les informations du journal allemand Süddeutsche Zeitung, révélant que les créditeurs du pays méditerranéen envisageraient de prolonger le programme.

Interrogé sur la possibilité de prolonger le plan d’aide au-delà de cette échéance, M. Moscovici a répondu : « Il n’en est pas question (…). C’est la seule date que l’on doit avoir en tête, la seule qui mobilise », a-t-il souligné.

« J’ajoute que je la crois crédible, réaliste et que pour moi, il n’y a pas d’autre scénario que cette sortie réussie et à temps du programme grec », a ajouté M. Moscovici. « Ne laissons pas planer des incertitudes ou des doutes qui n’ont vraiment pas lieu d’être », a-t-il conseillé.

« Un symbole que nous avons mis la crise derrière nous »

Pour le commissaire européen, la fin du plan d’aide à la Grèce aurait aussi une valeur symbolique pour l’ensemble de la zone euro.

« Finir le programme grec serait un symbole que nous avons mis la crise derrière nous. Et puis, surtout pour les Grecs, ce sera la bonne nouvelle que ce pays est lui aussi sorti de sa crise et est capable de créer de la croissance et de l’emploi. »

La veille, le premier ministre, Alexis Tsipras, avait affirmé que son pays se trouve dans « la dernière ligne droite » pour sortir de « la tutelle » de ses créanciers en août.

300 milliards de prêts depuis 2010

Depuis 2010, la Grèce a bénéficié de trois prêts internationaux de plus de 300 milliards d’euros au total ainsi que d’une restructuration importante de sa dette privée. L’ensemble a été assorti d’une stricte austérité ayant entraîné une récession inédite et l’explosion du chômage, qui reste encore le plus élevé de la zone euro (21 %).

Ce n’est qu’en 2017 que le pays a renoué avec la croissance (1,4 %) après avoir perdu un quart de son produit intérieur brut (PIB).

Le programme d’aide du troisième prêt international accordé au pays en juillet 2015, six mois après l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras, chef du parti de gauche Syriza, doit prendre fin en août. Mais il reste encore l’adoption d’un dernier volet de réformes réclamées par les créanciers.

Comprendre la crise grecque en cinq étapes
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