Le 17 avril au soir, 70 étudiants ont commencer à occuper le bâtiment du numéro 27 de la rue Saint-Guillaume. Ils n’étaient plus qu’une vingtaine d’occupants vendredi. / Francois Mori / AP

L’Institut d’études politiques de Paris a finalement été rouvert, vendredi 20 avril à midi, mettant fin à l’occupation des lieux depuis mardi soir par soixante-dix étudiants. Ailleurs en France, d’autres instituts d’études politiques (IEP) se sont mobilisés durant la semaine par solidarité avec les opposants à la loi orientation et réussite des étudiants (ORE), accusée d’instaurer la sélection à l’université.

L’IEP de Rennes restait occupé vendredi, et celui de Lille partiellement bloqué. A Grenoble, bloqué la veille des vacances, un nouveau vote est prévu après la reprise, mardi 24 avril. A Strasbourg, des étudiants ont finalement opté pour un sit-in, mardi. Des étudiants ont expliqué qu’un « manifeste » cosigné par une majorité des IEP était en cours d’écriture, et devrait être rendu public à la fin de la semaine.

Sciences Po Paris. Malgré un vote jeudi soir en assemblée générale en faveur de la reconduite du blocage (146 voix pour et 124 contre), le siège de l’école, au numéro 27 de la rue Saint-Guillaume, a rouvert vendredi midi. Alors que la rue était bloquée par les CRS depuis le matin, les étudiants bloqueurs n’étaient plus qu’une vingtaine à l’intérieur du bâtiment, l’administration s’opposant à toute nouvelle entrée. La veille, le directeur de l’école, Frédéric Mion, avait adressé un courriel aux étudiants et au personnel pour leur annoncer la tenue d’une « grande consultation en ligne », à laquelle 6 396 étudiants sur 13 000 ont participé. A l’issue du vote, 24,8 % des étudiants ont approuvé l’occupation, contre 67,2 % qui la désapprouvaient, et 8 % n’ont pas souhaité se prononcer, a fait savoir l’école.

« L’accès à tous les bâtiments du campus est à nouveau possible et les enseignements reprendront normalement à partir de 14 h 45 », annonce Frédéric Mion, dans un courriel envoyé aux étudiants, qu’il remercie pour « la patience et le calme dont [ils ont] témoigné en dépit des perturbations qui ont affecté le bon fonctionnement de [l’]institution ».

« Les négociations menées en bonne intelligence avec les étudiants bloqueurs nous ont permis d’aboutir à la “libération” du bâtiment ce midi », dit au Monde un porte-parole de l’école.

En échange de la réouverture du bâtiment, l’administration laisse à disposition des étudiants « les salles A11 et A12, dédiées à des conférences et à des débats libres ouverts à toutes les communautés de Sciences Po à partir de lundi prochain durant les heures d’ouverture du 27 rue Saint-Guillaume ».

Sciences Po Lille. A Lille, à 8 heures vendredi matin, les CRS sont intervenus pour briser un cadenas et permettre aux élèves d’accéder à l’école et la reprise des cours. « Pour éviter les tensions avec les étudiants bloqueurs, nous n’avons pas autorisé une réouverture de la porte principale », précise au Monde François Benchendikh, directeur des études de l’IEP. Une trentaine d’élèves demeurent encore devant les grilles.

Le blocus (sans occupation) avait été voté mercredi en assemblée générale, par 154 voix contre 60, selon le directeur des études de l’IEP. Dans un communiqué, les quatorze enseignants de l’IEP syndiqués au Snesup-FSU soutiennent le blocage.

Sciences Po Rennes. A Rennes, une cinquantaine d’étudiants de l’IEP — sur 1 300 étudiants — occupaient toujours, vendredi midi, l’amphithéâtre Lanjuinais, et ce depuis mardi soir. « La moitié d’entre eux ne sont pas de l’IEP, mais probablement de l’université Rennes-I », assurait jeudi une porte-parole de l’établissement. Face à l’impossibilité pour le personnel d’accéder à ses bureaux, la direction a décidé de fermer l’établissement pour la journée. « Il s’agit d’une occupation pacifique, nous n’avons pas constaté de dégradations », avait précisé la direction de l’école. Sur leur page Facebook, les bloqueurs expliquent que leur action « fait suite à la répression initiée par la direction de l’IEP, qui a tenté de mettre en place un contrôle des cartes et d’annuler une conférence sur la convergence des luttes ».

Sciences Po Grenoble. Premier à s’être mobilisé à travers un blocage dès le 13 avril entre 6 heures et 14 heures, l’IEP de Grenoble a alors été fermé administrativement, et ses étudiants sont en congés depuis. Le blocage avait été décidé la veille lors d’un vote des nombreux participants d’une assemblée générale interfacultés, à laquelle les étudiants de Sciences Po avaient été conviés. Etudiant en première année, Léo Leroux, déclare faire « partie des étudiants qui se sont étonnés de ne pas avoir été consultés en amont pour ou contre ce blocage du 13 avril ». Il souhaiterait que les élèves de Sciences Po soient sondés en interne avant qu’un nouveau blocage soit mis au vote lors de la prochaine assemblée générale interfacultés grenobloise, prévue le 24 avril.

Sciences Po Strasbourg. Un blocage a été envisagé lors de l’AG du 13 avril, à laquelle 140 élèves environ ont pris part pour demander de ne pas être pénalisés s’ils se joignaient au cortège de la manifestation interprofessionnelle de jeudi. « La direction ayant immédiatement accepté de ne pas pénaliser ces absences, nous n’avons pas bloqué. Mais nous avons organisé un sit-in mardi 17 avril, où une quarantaine d’étudiants se sont assis dans le hall près de feuilles posées à terre où il était inscrit “Fais comme Macron, marche sur l’éducation” », relate un jeune homme.