Docu-fiction sur LCP à 20 h 30

My American Way Of War un film de Sylvain Desmille extrait 3 Le Ku Klux Klan VF
Durée : 01:53

Jeff Stryker, narrateur fictif, raconte la vie des siens de l’armistice de 1918 au largage de la bombe atomique sur Hiroshima, le 6 août 1945, jour de sa naissance. « Peu après la mort de mon père, Mike Stryker, j’ai découvert les carnets de voyage, bobines de film, brouillons de lettres et les photographies qu’il avait laissés à mon intention », annonce-t-il d’emblée.

Jeff Stryker se rend compte qu’il connaît mal sa famille. Ce qui le pousse à mener l’enquête. Chemin faisant, il s’aperçoit à quel point l’histoire des siens coïncide avec celle du siècle américain.

Le documentariste Sylvain Desmille use ainsi de ce matériau souple qu’est la mémoire familiale pour interroger le destin des Etats-Unis. Le narrateur s’évertue à restituer, de manière certes un peu mécanique, les dynamiques à l’œuvre dans la société américaine pendant l’entre-deux-guerres : attentats anarchistes, essor des mouvements nationalistes et isolationnistes, affirmation des théories racistes et antisémites, crise et dépression économique…

Un pastiche

Au fil de cette trame, Jeff Stryker revient sur les pérégrinations des membres de sa famille emblématique du melting-pot. Son père, Mike, est né dans le Dakota du Sud, dans un milieu rural et conservateur. Sa mère, Gisèle, est une juive new-yorkaise dont les parents ont fui les pogroms en Russie. Le grand-père trempe dans le crime organisé durant les Roaring Twenties (« années 20 rugissantes ») et l’oncle, attiré par le Bund germano-américain, organisation nazie née aux Etats-Unis dans les années 1930, apparaissent pour leur part comme des archétypes dont la fonction est d’ordonner un récit donnant à voir une société gagnée par les excès.

My American Way Of War un film de Sylvain Desmille extrait n°5 la rencontre des parents
Durée : 01:55

A coup sûr, ce film n’est pas un documentaire critique qui viserait à convaincre par le fruit de la démonstration. Il faut le voir pour ce qu’il est : un pastiche. Comme il l’avait fait dans son My American Way of Life, Sylvain Desmille multiplie les références aux cultures visuelle et musicale qui ont contribué à façonner l’histoire des Etats-Unis. S’il a formaté son film au 16/9, il ne s’est pas privé de jouer avec les rayures, les saturations et le grain des images d’archives. A cette aune, l’accent américain du narrateur apparaît comme un gimmick dans un film qui ne manque pas de coquetterie.

My American Way of War, de Sylvain Desmille (Fr., 2016, 52 min).