Au dixième jour de la contestation, le bras de fer se durçit en Arménie. Le meneur de l’opposition Nikol Pachinian a été arrêté dimanche 22 avril par la police peu après une rencontre télévisée avec le premier ministre Serge Sarkissian qui a tourné court.

« Le peuple doit libérer Nikol (Pachinian) », a déclaré à la presse le député Sassoun Mikaelian, avant d’être lui-même arrêté.

Une rencontre télévisée entre le premier ministre arménien, Serge Sarkissian, et le chef de la contestation Nikol Machinian a tourné court dimanche, le chef du gouvernement se retirant rapidement en dénonçant un « chantage ». « Je suis venu pour parler de votre démission », a déclaré le député Nikol Pachinian à son interlocuteur, devant les caméras. « Ce n’est pas un dialogue, c’est du chantage », a répondu ce dernier avant de quitter la salle du grand hôtel d’Erevan où la rencontre avait lieu. « Je ne peux que vous conseiller de revenir dans un cadre légal, sinon vous porterez la responsabilité » de ce qui peut arriver, a-t-il ajouté.

« Vous ne comprenez pas la situation en Arménie »

L’échange acrimonieux s’est poursuivi. « Vous ne comprenez pas la situation en Arménie, le pouvoir est maintenant entre les mains du peuple », a déclaré M. Pachinian. Ce à quoi le premier ministre a répliqué qu’« un parti qui a enregistré un score de 8 % aux élections (législatives) ne peut pas parler au nom du peuple ». Il a ensuite quitté la pièce.

Le député Nikol Pachinian, 42 ans, qui mène la contestation, est un ancien journaliste et un opposant de longue date qui a brièvement été en prison après avoir déjà pris part à des mouvements de protestation contre Serge Sarkissian en 2008 qui avaient fait dix morts.

Les protestataires accusent Serge Sarkissian, qui vient d’achever son deuxième mandat présidentiel, de s’accrocher au pouvoir en se faisant élire premier ministre par les députés. Alors que la Constitution interdit au président d’effectuer plus de deux mandats, M. Sarkissian avait fait voter en 2015 une réforme controversée donnant l’essentiel des pouvoirs au Premier ministre.

Pauvreté et corruption

Au-delà des manœuvres de Serge Sarkissian pour rester au pouvoir après plus d’une décennie au poste de président, les manifestants reprochent à cet ancien militaire de 63 ans de n’avoir pas su faire reculer la pauvreté et la corruption, alors que les oligarques ont toujours la haute main sur l’économie du pays.

Le taux de pauvreté de l’Arménie était de 29,8 % en 2016 contre 27,6 % en 2008 selon les données de la Banque mondiale, tandis que le Revenu national brut (RNB) par habitant stagnait à 3 770 dollars, une somme quasi identique à celle d’il y a dix ans.

Manifestation contre le premier ministre en Arménie, près de 200 personnes interpellées
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