Human Rights Watch (HRW) craint une « crise humanitaire imminente » dans le nord du Sinaï, où l’armée égyptienne mène une vaste opération contre le groupe Etat islamique (EI), a indiqué l’ONG lundi 23 avril. Lancée le 9 février, l’opération « Sinaï 2018 » a conduit « jusqu’à 420 000 habitants de quatre villes du nord-est dans un besoin urgent d’aide humanitaire », a estimé HRW dans un communiqué.

L’opération « Sinaï 2018 » s’est accompagnée d’« une diminution marquée des réserves de nourriture, de médicaments, de gaz de cuisson et d’autres biens commerciaux essentiels », déplore l’ONG américaine, qui se fonde sur des témoignages de journalistes locaux et de résidents, des articles de presse et des images d’amateurs. HRW évoque également des restrictions dans la vente ou l’utilisation d’essence, les services de télécommunication, voire l’accès à l’eau et à l’électricité dans certaines zones.

Plus de 100 djihadistes tués

« Une opération antiterroriste qui met en péril la circulation des biens essentiels à destination de centaines de milliers de civils est illégale et ne saurait endiguer la violence », a estimé Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Depuis le lancement de « Sinaï 2018 », l’armée égyptienne affirme, images à l’appui, qu’elle fournit une assistance humanitaire et distribue des vivres à la population. Selon elle, les citoyens soutiennent l’opération et y participent activement en délivrant des informations aux forces de sécurité.

Depuis la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi à l’été 2013, les forces de sécurité affrontent des groupes djihadistes, dont l’EI qui se livre à une véritable insurrection dans le nord de la péninsule du Sinaï. Au total, plus de 100 jihadistes et au moins 30 soldats ont été tués depuis le lancement de « Sinaï 2018 », selon des chiffres officiels.