Le président angolais, Joao Lourenço, a limogé, lundi 23 avril, le chef d’état-major des forces armées et le chef des services de renseignement extérieurs, sa dernière décision en date contre des responsables soupçonnés de corruption ou de liens avec son prédécesseur, José Eduardo dos Santos.

Dans un communiqué, M. Lourenço a annoncé, sans commentaire, le remplacement du général Geraldo Sachipengo Nunda par le général Antonio Egidio de Sousa Santos à la tête de l’armée. Le 26 mars, le procureur général adjoint du pays, Luis Benza Zenga, avait révélé l’inculpation du général Sachipengo Nunda et de trois autres officiers supérieurs dans une enquête portant sur une fraude chiffrée à 50 milliards de dollars (environ 40 milliards d’euros).

Plusieurs autres hauts responsables de l’armée ont été limogés lundi par le président, dont deux adjoints du chef d’état-major et le chef des services de renseignements extérieurs, André de Oliveira Sango, un fidèle d’Eduardo dos Santos qui dirigeait les services d’espionnage depuis une décennie. Cette décision a été prise malgré le vote d’une loi imposée par l’ancien président, quelques semaines avant la fin de son mandat, qui gelait pour huit ans les nominations aux principaux postes d’encadrement des forces de sécurité.

Des relations tendues

Depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2017, M. Lourenço a fait de la lutte contre la corruption une de ses priorités. Il n’a pas hésité à limoger de nombreux proches de son prédécesseur, qui lui a cédé les rênes du pays après un règne sans partage de trente-huit ans pendant lesquels il a mis l’économie du pays en coupe réglée.

Un des fils dos Santos, José Filomeno, a été récemment inculpé pour une tentative de détournement de 1,5 milliard de dollars alors qu’il dirigeait le fonds souverain du pays. Sa fille, Isabel dos Santos, fait quant à elle l’objet d’une autre enquête portant sur des virements suspects alors qu’elle exerçait les fonctions de PDG de la compagnie pétrolière nationale Sonangol.

Outre ces cas emblématiques, des dizaines de hauts fonctionnaires ou patrons d’entreprises publiques ont été récemment remerciés.

Les relations sont tendues depuis plusieurs mois entre MM. Lourenço et dos Santos. Toujours chef du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA, au pouvoir), l’ancien chef de l’Etat a annoncé qu’il en rendrait les clés au plus tard dans un an, alors que les partisans de son successeur exigent un départ plus rapide.