Le photojournaliste égyptien Mahmoud Abou Zeid, connu également sous le nom de Shawkan, a obtenu, lundi 23 avril, le Prix mondial de la liberté de la presse 2018 décerné par l’Unesco, un choix critiqué par les autorités du Caire. Shawkan est emprisonné depuis son arrestation, le 14 août 2013, alors qu’il couvrait la dispersion d’un sit-in antigouvernemental par les forces de l’ordre. Des centaines de manifestants et plusieurs membres des forces de sécurité avaient trouvé la mort.

Le photographe de 31 ans est poursuivi pour de multiples chefs d’accusation, dont ceux d’appartenance aux Frères musulmans, mouvement aujourd’hui illégal en Egypte, de possession d’armes à feu et de meurtre. Il risque la peine de mort. Shawkan, qui nie toutes les charges à son encontre, comparaîtra mardi pour une audience devant un tribunal, mais aucun verdict n’est attendu.

Son emprisonnement est régulièrement dénoncé par des organisations comme Amnesty International ou le Comité pour la protection des journalistes, qui estiment qu’il a été arrêté alors qu’il faisait simplement son travail. Les organisations de défense des droits humains dénoncent plus généralement la répression menée par le gouvernement du président Abdel Fatah Al-Sissi depuis le renversement, en juillet 2013, de l’islamiste Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu de l’histoire égyptienne.

« Engagement en faveur de la liberté d’expression »

En lui décernant son prix, l’Unesco a déclaré que l’arrestation et la détention et Shawkan étaient « contraires aux droits et libertés garantis par la Déclaration universelle des droits de l’homme et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ». « Le choix de Mahmoud Abou Zeid rend hommage à son courage, à sa résistance et à son engagement en faveur de la liberté d’expression », a déclaré Maria Ressa, présidente du jury de l’Unesco, dans un communiqué.

Le ministère égyptien des affaires étrangères a estimé dimanche que la nomination du photographe avait été « pilotée par un certain nombre d’organisations non gouvernementales, parmi lesquelles des organisations dominées par l’Etat du Qatar, qui est connu pour son soutien et de sa défense permanente du groupe terroriste des Frères musulmans ».

Le Prix mondial de la liberté de la presse Unesco/Guillermo Cano, qui distingue une personne, une organisation ou une institution ayant « contribué d’une manière remarquable à la défense ou à la promotion de la liberté de la presse », sera attribué officiellement le 2 mai.