Trois Mauritaniens ont été condamnés, lundi 23 avril, à des peines d’un an de prison ferme pour avoir « traité autrui d’esclave », une première pour ce type de délit dans un pays où la persistance de pratiques esclavagistes est régulièrement dénoncée par des ONG. Le Tribunal spécial de répression des crimes d’esclavage a prononcé la peine maximale prévue pour ce type de dénigrement dans trois affaires distinctes, a-t-on appris de sources judiciaires.

Les trois prévenus, qui devront également s’acquitter d’une amende équivalente à 600 euros, ont été condamnés pour le « préjudice moral » subi par les personnes qu’ils avaient traitées d’esclave, en vertu d’une loi récente qui considère comme un délit « tout comportement consistant à dénigrer ou à traiter » quelqu’un d’esclave.

Par ailleurs, le tribunal a renvoyé à sa prochaine session un autre dossier portant sur un crime présumé d’esclavagisme proprement dit, les avocats de l’accusé ayant introduit un recours pour vices de forme devant la chambre des mises en accusation de la cour d’appel de Nouakchott.

Trois tribunaux spécialisés

En mars, trois personnes avaient été condamnées en Mauritanie à des peines de dix et vingt ans de prison ferme pour pratiques esclavagistes. Les ONG de défense des droits humains accusent la Mauritanie de « déni » et de « censure » face à la persistance de cette pratique, officiellement abolie en 1981. Les autorités affirment pour leur part vouloir combattre les « séquelles matérielles et morales » de l’esclavagisme.

La Mauritanie s’est cependant dotée en décembre 2015 de trois tribunaux spécialisés dans les affaires d’esclavage, à Nouakchott, Nouadhibou (nord-ouest) et Néma (sud-est). Ce dernier avait prononcé deux premières condamnations à cinq ans de prison ferme en mai 2016.

Jusqu’à 43 000 personnes en Mauritanie étaient encore réduites en esclavage en 2016, soit environ 1 % de la population totale, selon un rapport d’Amnesty International, publié le 22 mars, citant des estimations d’organisations spécialisées.