A l’usine Scania d’Angers, en 2013. / FRANK PERRY / AFP

Le constructeur suédois de camions, installé à Angers depuis 1992, n’en finit plus de battre des records de production et de ventes. De ses chaînes d’assemblage sortent actuellement 86 unités par jour de son nouveau modèle, le New Truck Generation (NTG), lancé à l’été 2017 et qui a pour principale vertu d’être plus économe en carburant que la majorité de ses concurrents.

De fait, avec 68 embauches depuis le début de l’année, l’effectif dépasse désormais les 700 salariés, mais la pyramide des âges commence à inquiéter la direction. « On a un peu de mal à attirer les jeunes vers les métiers de l’industrie », explique Karine Desgages, la directrice des ressources humaines. D’où l’idée de « se rapprocher d’eux un peu plus tôt », en l’occurrence dès la classe de 4e, afin de leur vanter les charmes des métiers de mécanicien, cariste, logisticien, ajusteur, magasinier, peintre ou ingénieur. Et de tordre le cou à une industrie qui, dit-elle, « n’a pas bonne presse » et n’attire pas assez de femmes (13 % de l’effectif).

Une aubaine pour des élèves issus des quartiers difficiles

Cette opération séduction se traduit, depuis lundi 23 avril, par une classe en entreprise inédite, avec 28 élèves accueillis dans cette usine géante et immaculée, réglée à la seconde près par un chronomètre. Au milieu des ateliers où le personnel leur réserve d’aimables sourires, les adolescents phosphorent sur leurs matières habituelles mais avec des données improbables. En physique, ils étudient l’élasticité et le point de rupture d’une vis ; en maths, ils calculent le couple moteur tandis que le cours d’anglais est réservé au vocabulaire des transports.

« On a un peu de mal à attirer les jeunes vers les métiers de l’industrie »

Même le président, Mathias Wijkström, a été réquisitionné pour leur faire un cours sur la social-démocratie à la suédoise. Le principal du collège Debussy est aux anges. Jéry Cerisier y voit une aubaine pour ces élèves issus des quartiers difficiles, où « 50 % des parents connaissent le chômage et la précarité ». Convaincre les professeurs et les élèves n’a pas été bien compliqué. Dans cette entreprise modèle, où le personnel est plutôt mieux payé qu’ailleurs (salaire moyen de 1 850 euros, sur treize mois) et les parents choyés (un mois de congés maternité en plus, une semaine pour les pères), l’ancienneté moyenne est de 14 ans. Soit à peu près l’âge des collégiens qu’ils espèrent voir un jour prendre la relève.