Cristiano Ronaldo et le Real Madrid affrontent le Bayern, le 25 avril 2018. / JAVIER SORIANO / AFP

La « finale avant l’heure » occupe sans conteste une place de choix au rayon des poncifs footballistiques usés jusqu’à la corde. L’expression peut pourtant être employée cette saison sans être galvaudée.

La demi-finale de Ligue des champions entre le Bayern de Munich et le Real Madrid, dont le match aller a lieu mercredi 25 avril en Bavière, met aux prises ce qui se fait de mieux sur la scène européenne. Soit deux des plus grands clubs de l’histoire de leur sport, dans les annales comme dans les bilans comptables.

Bis repetita de l’affiche des quarts de finale de la C 1 l’an passé, dont les Espagnols étaient sortis vainqueurs après un match retour pollué par les polémiques arbitrales, le duel offrira à son vainqueur un adversaire réputé plus abordable en finale, Liverpool ou Rome.

« Se battre jusqu’à la mort »

Espagnols et Allemands ont promis un affrontement sans concession avant la première manche à l’Allianz Arena. Vainqueur des deux dernières éditions de la Coupe aux « grandes oreilles » avec la Maison blanche, l’entraîneur du Real Madrid Zinédine Zidane y est allé de son petit refrain guerrier, promettant de « se battre jusqu’à la mort pour défendre [leur] titre ». « Nos joueurs vont laisser leur âme sur le terrain, appuyait son président, Florentino Perez. Nous voulons continuer à écrire la légende du Real. »

Sa « légende », le club madrilène l’a composée en Coupe d’Europe. Créé en 1902, soit deux petites années après son adversaire munichois, le Real fait figure d’incontestable leader dans les bilans continentaux. Avec douze Ligues des champions soulevées, il devance largement les Italiens du Milan AC (sept trophées) et… le Bayern Munich. Les Bavarois complètent le podium avec cinq victoires, la dernière glanée en 2013 sous les ordres du revenant Jupp Heynckes.

Si la course à l’Europe constitue la principale caisse de résonance de leur puissance, les deux adversaires prennent soin d’enrichir leurs palmarès domestiques. Le Real et le Bayern détiennent les records de titres dans leur championnat respectif. Au petit jeu des comparaisons, le « Rey de Europa » et ses 33 Liga domine encore le « Rekordmeister », qui n’a engrangé « que » 28 Bundesliga.

Les Allemands peuvent tout de même espérer rejoindre leurs concurrents au cours de la prochaine décennie. Les coéquipiers de Frank Ribéry ont remporté les six derniers championnats outre-Rhin quand, dans le même temps, les Espagnols n’en ont glané qu’une unité.

Deux machines à titres et à cash

Machines à enquiller les titres, le Bayern et le Real se révèlent tout aussi efficaces dans le domaine financier. Tous deux figurent respectivement en deuxième (675 millions d’euros) et quatrième (588 millions) position du palmarès des revenus de la saison 2016-2017, établi par le cabinet Deloitte.

Les bilans comptables des grosses écuries européennes s’enrichissent plus vite encore que leurs armoires à trophées. Ces cinq dernières années, les revenus du Bayern ont ainsi progressé de 36 % quand les gains du Real ont fait un bond de 30 %.

Soucieux d’amasser des liquidités indispensables à la compétitivité de leur équipe, toujours plus coûteuse à chaque mercato, les deux clubs centenaires peuvent compter sur des stades parmi les plus remplis d’Europe. Quatrième d’un classement dominé par leurs rivaux nationaux de Dotmund (79 653 spectateurs), le Bayern a écoulé 75 000 tickets par match, en moyenne, au cours de la saison dernière.

Construite dans le cadre de la Coupe du monde 2006, l’Allianz Arena est devenue une redoutable planche à billets pour son hôte, qui a annoncé en 2014 avoir remboursé son enceinte avec seize ans d’avance.

La bataille des stades est, finalement, la seule où le Real doit s’incliner. Plus de 68 000 spectateurs ont tout de même rempli les travées du Santiago-Bernabeu durant l’exercice précédent. De quoi motiver le président Florentino Perez à rénover la mythique enceinte. Un projet de 400 millions d’euros, comprenant notamment un toit, est déjà sur les rails.

Tous ces chiffres en feraient presque oublier le ballon. Sans doute plus à l’aise sur le banc que dans l’étude des bilans financiers de son club, Jupp Heynckes n’a pas manqué de ramener le duel sur le terrain : « Ce match sera un régal pour les amateurs de football. »