Cristina Cifuentes annonçant sa démission, le 25 avril à Madrid. / SUSANA VERA / REUTERS

La présidente conservatrice de la région de Madrid, Cristina Cifuentes, affaiblie par des accusations d’obtention frauduleuse d’un master et de vol de produits cosmétiques dans un supermarché en 2011, a annoncé sa démission mercredi 25 avril. « Toute mon action, toute ma vie a été mise en cause », a déclaré Mme Cifuentes, 54 ans, en se déclarant victime d’un « lynchage ».

Figure du Parti populaire du chef du gouvernement Mariano Rajoy, Cristina Cifuentes, qui dirigeait la région depuis trois ans, a expliqué à la presse avoir « pris cette décision, il y a quelques jours, de faire un pas en arrière pour éviter que la gauche ne gouverne à Madrid ».

Elle était en effet sous la menace d’une motion de censure de celle-ci qui avait toutes les chances d’aboutir. Le parti de centre droit Ciudadanos avait annoncé qu’il lui retirait son soutien, indispensable à la droite dans une région qu’elle ne gouvernait qu’avec une minorité de 48 élus sur 151.

Critiques depuis un mois

La dirigeante madrilène, censée incarner la rénovation du Parti populaire, éclaboussé par des scandales de corruption, était sous le feu des critiques depuis un mois. Plusieurs médias l’avaient accusée d’avoir obtenu un master en droit public de manière frauduleuse, ce qu’elle avait nié avant que l’université publique concernée, Rey Juan Carlos, évoque elle-même de graves irrégularités. Sous la pression, elle l’avait finalement retiré de son CV. Ciudadanos avait alors exigé l’ouverture d’une enquête, tandis que l’opposition de gauche préparait une motion de censure.

Mercredi matin, une nouvelle attaque est venue d’un média conservateur, OK Diario, qui a publié une vidéo dans laquelle un agent de sécurité demande a Cristina Cifuentes d’ouvrir son sac dans un supermarché ; un incident lié, selon elle, à une « erreur involontaire » immédiatement réparée.

Cristina Cifuentes a confirmé l’authenticité de l’enregistrement, assurant qu’elle avait simplement emporté ce jour-là « de manière involontaire (…) 40 euros de produits ». « Toutes les lignes rouges ont été franchies », a-t-elle dénoncé.

Pas de successeur évident

Elle n’a pas suggéré de nom pour lui succéder, à un an d’élections régionales dans ce bastion de la droite espagnole, gangrené par des affaires d’attribution frauduleuse de marchés et de malversations qui avaient déjà entraîné la démission d’une autre ancienne présidente de la région.

« Cifuentes démissionne après un mois honteux », a réagi Iñigo Errejon, du parti de gauche radicale Podemos, qui ambitionne de prendre la tête de la région représentant 20 % du PIB espagnol. « Nous sommes satisfaits », a déclaré le président de Ciudadanos, Albert Rivera, avant de conclure : « Madrid mérite un changement. »