Le ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, aux Nations unies, à New York, le 24 avril. / MIKE SEGAR/REUTERS

A la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, où il s’adressait dans le cadre d’une réunion de haut niveau sur la « paix durable », le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, est resté muet sur les projets de détricoter l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 au profit d’un nouvel accord. Il n’a rien dit non plus sur les velléités américaines de s’en retirer. La décision finale doit être prise le 12 mai par le président américain, Donald Trump.

S’il est resté silencieux aux Nations unies sur le sujet qui occupe tous les esprits, le ministre des affaires étrangères a adressé ses mises en garde, lors de son séjour new-yorkais, par voie de presse. « Si les Etats-Unis quittent cet accord, il y a de bonne chance pour que nous l’abandonnions aussi », a-t-il ainsi menacé dans une interview accordée à l’agence Associated Press, mardi 24 avril. Un changement de ton alors qu’il avait assuré jusqu’à présent être prêt à continuer à travailler aux côtés des cinq autres signataires (France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne).

Quelques jours plus tôt, M. Zarif avait précisé à des journalistes ce que cet abandon sous-tendait : une reprise « vigoureuse » par Téhéran de son programme d’enrichissement d’uranium en cas de retrait américain.

Interrogé par la radio publique américaine NPR, juste avant l’annonce par Emmanuel Macron, depuis la Maison Blanche, de sa volonté d’aboutir à un nouvel accord révisé, M. Zarif avait rejeté par avance toute possibilité de renégociation. « C’est une question du principe, a-t-il martelé. Vous arrivez à un accord, vous conservez cet accord, vous mettez en œuvre cet accord. Vous ne demandez pas plus. Vous devez le respecter (…). Vous ne pouvez pas faire le tri de ce que vous gardez et de ce que vous rejetez. »

« C’est tout ou rien »

Au président Emmanuel Macron qui, lors de son interview télévisée du dimanche 22 avril sur Fox News, assurait qu’il n’y avait « pas de plan B », M. Zarif avait aussi répondu dès le lendemain dans un Tweet : « Le président Macron a raison de dire qu’il n’y a pas de ‘‘plan B” pour l’accord de Vienne. C’est tout ou rien. Les dirigeants européens devraient encourager le président Trump non seulement à rester dans l’accord nucléaire, mais surtout à commencer à mettre en œuvre sa part des engagements en toute bonne foi. »

La possibilité d’un nouvel accord a également été balayée par le président iranien, Hassan Rohani. « Ils disent, avec un certain dirigeant d’un pays européen, qu’ils veulent prendre une décision sur un accord conclu à sept, a déclaré le chef de l’Etat dans un discours retransmis en direct à la télévision publique. Pour quoi faire ? De quel droit ? »

M. Rohani s’est ensuite adressé au président américain :

« Vous n’avez aucune expérience en politique. Vous n’avez aucune expérience en droit. Vous n’avez aucune expérience en matière de traités internationaux. Comment un commerçant, un marchand, un constructeur d’immeubles, un constructeur de tours peut-il émettre des jugements sur les affaires internationales ? »