L’inventeur danois Peter Madsen a été condamné mercredi 25 avril à la prison à vie pour l’assassinat, précédé de sévices sexuels, de la jeune journaliste suédoise Kim Wall dans son sous-marin privé en août 2017, près de Copenhague. La prison à vie correspond au Danemark à seize ans de réclusion en moyenne.

Peter Madsen, 47 ans, a été reconnu coupable par un jury du tribunal de Copenhague du meurtre avec préméditation de Kim Wall, 30 ans, ainsi que de lui avoir infligé des mutilations sexuelles et d’avoir démembré et décapité son cadavre avant de le disperser en mer. M. Madsen n’avait admis que l’atteinte à l’intégrité du cadavre, et a déclaré qu’il ferait appel du jugement. Il est le quinzième condamné à la prison à vie sur les dix dernières années.

Au terme de onze jours d’audience qui ont levé le voile sur la « dangerosité » de l’accusé, amateur de vidéos de femmes égorgées ou décapitées, le procureur Jakob Buch-Jepsen avait requis la prison à vie. En présence des parents et du frère de Kim Wall, Peter Madsen a clos les débats lundi en affirmant être « vraiment, vraiment triste de ce qui s’est passé », utilisant un adjectif qui, en danois, peut également signifier « désolé ».

« Pervers polymorphe »

Décrit par les experts psychiatres comme un « pervers polymorphe » présentant des « traits psychopathiques », cet homme « dangereux » de 47 ans, connu au Danemark comme le créateur loufoque de fusées et de submersibles, pourrait récidiver, avait prévenu le ministère public. Peter Madsen lui-même s’est qualifié de « psychopathe affectueux » devant des proches.

L’autopsie avance l’hypothèse d’un étouffement ou d’un égorgement précédé de sévices sexuels. La légiste a relevé un écoulement de sang compatible avec des blessures infligées alors que la victime était encore vivante, et une goutte de sang de Kim Wall sur la combinaison de Peter Madsen. Il s’agirait d’une projection et signerait des violences ante mortem. De multiples blessures ont également été identifiées dans et autour des parties génitales de la jeune femme.

Pour son avocate Betina Hald Engmark, il n’y avait cependant pas de preuves tangibles de la responsabilité de son client dans la mort tragique de Kim Wall. L’état de décomposition avancée du corps de la jeune femme n’a en effet pas permis de déterminer les causes de sa mort.

Elements à charge

Plusieurs éléments à charge ont pourtant été avancés. La cour a notamment visionné des vidéos et films d’animation retrouvés sur le disque dur de l’ordinateur de l’accusé dans lesquels des femmes étaient empalées, pendues ou décapitées. « Ce n’est pas sexuel. Je regarde ces vidéos pour pleurer et éprouver des émotions », s’est défendu Peter Madsen devant les juges.

Le procureur a aussi fait valoir l’absence de crédibilité de l’accusé, qui a changé de version à plusieurs reprises depuis son arrestation, le lendemain de sa sortie en mer avec la jeune journaliste venue l’interviewer dans son submersible, le Nautilus.

Il a, dans un premier temps, soutenu qu’il l’avait débarquée la veille à Copenhague. Peter Madsen a ensuite avancé aux enquêteurs qu’elle était morte après avoir reçu un panneau d’écoutille sur la tête.

Cette hypothèse étant démentie par l’autopsie de la tête de la victime, retrouvée en mer, il a ensuite expliqué que la journaliste avait succombé à des gaz toxiques libérés lors d’une soudaine dépressurisation de l’habitacle. Après quoi il a reconnu l’avoir décapitée et démembrée, puis avoir jeté son corps, lesté, à la mer.

Pour soutenir le meurtre et la préméditation, l’accusation a invoqué les outils inutiles sur un sous-marin embarqué par l’accusé peu de temps avant les faits (scie à bois, sangles de valise, tournevis affûté de 50 cm de long), et les recherches, effectuées dans la nuit du 9 au 10 août, sur Internet au moyen des mots-clés « femme » et « décapitation ».

Une simple « coïncidence » pour Peter Madsen. Pas pour les juges.