« The Promised Neverland ». / © KAIU SHIRAI

Naruto, Dragon Ball, My Hero Academia, Death Note…, une écrasante majorité des grands succès du manga ont un point commun : celui d’avoir été découverts dans le prestigieux magazine Weekly Shonen Jump, édité par Shueisha. Ainsi, lorsqu’une nouvelle série comme The Promised Neverland vient remplacer un ancien bestseller dans ce magazine, lecteurs aguerris et éditeurs l’accueillent avec une particulière attention. Bien qu’il ne paraisse en France que mercredi 25 avril, ce nouveau manga s’est déjà forgé une solide réputation depuis plusieurs mois.

« The Promised Neverland ». / © KAIU SHIRAI

Mais le succès de ce manga fantastique et psychologique, qui raconte l’histoire de jeunes enfants qui doivent s’échapper de leur orphelinat, n’est pas seulement à mettre sur le compte du magazine. Le mystère qui entoure sa fabrication, mais aussi l’originalité du titre, participent de l’enthousiasme quasi unanime : il faut voir le nombre déjà important de vidéos YouTube et de discussions en ligne consacrées à cette série née en août 2016 au Japon et qui a dépassé dans son pays d’origine les 2 millions d’exemplaires vendus.

The Promised Neverland est le premier manga d’un duo d’auteurs jusqu’ici inconnus. Le scénariste Kaiu Shirai est un ancien col blanc qui, dans une dernière tentative pour devenir mangaka, a proposé un scénario de quelque 300 pages à un éditeur de Shueisha. Il faut attendre deux ans avant que celui-ci lui présente une illustratrice au style graphique bien affirmé, Posuka Demizu, qui s’évertue à cacher son genre et son identité, mais qui a depuis été démasquée par des fans. Le courant passe entre les deux artistes, leur complémentarité est indéniable.

The Art of Posuka Demizu
Durée : 02:20

La dessinatrice Posuka Demizu alterne tantôt un trait solaire pour décrire le quotidien enjoué et naïf des enfants de l’orphelinat Grace Field House et une patte beaucoup plus fantastique pour mettre en relief les moments de tension, de suspense, et parfois d’horreur suggérée. En outre, le design des personnages principaux sort des archétypes du manga pour adolescents.

Kaiu Shirai, lui, travaille un scénario qui joue avec les peurs enfantines. Les enfants de Grace Field House, dont les plus grands ont 11 ans, vivent depuis leur naissance dans un cadre idyllique et sont traités avec amour par la directrice, qu’ils appellent « Maman ». Les orphelins ont toutefois interdiction de dépasser l’enceinte du parc. Ce cadre enchanteur va brusquement se briser quand les aînés de l’orphelinat, les intelligents et débrouillards Emma, Norman et Ray, vont comprendre qu’ils sont tous à terme en danger de mort. Ils décident de s’enfuir avec leurs frères et sœurs, mais ils ignorent totalement ce qui les attend à l’extérieur.

Chaque chapitre du premier tome pose des enjeux et des ressorts de suspense qui, s’ils sont suivis et résolus tout au long des albums, promettent une histoire riche : vont-ils réussir tous à s’échapper ? Comment ? Vont-ils pouvoir tromper la vigilance de Maman, véritable stratège ? Que se passe-t-il à l’extérieur de l’orphelinat ?

« The Promised Neverland ». / © KAIU SHIRAI

Le manga The Promised Neverland enthousiasme également parce qu’il tranche avec la multitude de titres d’aventure pour adolescents qui peuplent le magazine Shonen Jump, des parcours initiatiques de jeunes héros aux pouvoirs surhumains. Ici, il s’agit plus d’un thriller ou d’une bataille psychologique qui repose sur l’intelligence et la stratégie des personnages, à l’image du best-seller Death Note, auquel on le compare souvent.

Après une âpre bataille avec ses concurrents pour emporter les droits, tout est également prévu du côté de l’éditeur français Kazé pour que The Promised Neverland devienne un succès en France. L’entreprise a d’ailleurs déployé un arsenal publicitaire et un plan de publication quasiment inédits sur le territoire pour un manga. Les cinq premiers volumes de la série paraîtront en version française avant la fin de l’année, et le premier tome est tiré à 100 000 exemplaires, soit quatre fois plus qu’un titre habituel.

« The Promised Neverland ». / © KAIU SHIRAI

The Promised Neverland, de Kaiu Shirai et Posuka Demizu, traduction de Sylvain Chollet, tome I le 25 avril, éditions Kazé, 193 pages, 6,79 euros.