Des manifestations ont à nouveau rassemblé des milliers de personnes à Erevan, jeudi 26 avril. / VANO SHLAMOV / AFP

La contestation antigouvernementale ne faiblit pas en Arménie. Sous la pression des manifestations, le président du Parlement, Ara Babloïan, a décidé jeudi 26 avril de convoquer une réunion extraordinaire pour le 1er mai consacrée à l’élection d’un nouveau premier ministre, le poste étant vacant depuis la démission de Serge Sarkissian, lundi.

« Tout dépend du nombre de candidats proposés par les partis, du nombre de députés qui souhaiteront prendre la parole (…). Mais il est très probable que nous aurons le temps d’élire le nouveau premier ministre le 1er mai », a dit le vice-président du Parlement, Edouard Charmazanov.

Les manifestants, mobilisés par milliers depuis le 13 avril, ont à nouveau défilé dans les rues d’Erevan jeudi. Leur chef de file, le député et opposant Nikol Pachinian, qui se présente comme le « candidat du peuple » au poste de premier ministre, a appelé le parti Républicain au pouvoir à « capituler devant le peuple »

La candidature de l’opposant au poste de premier ministre doit être proposée dans les prochains jours par le bloc d’opposition Yelk (« sortie » en arménien). « Si le Parti républicain a l’audace de présenter un candidat [au poste de premier ministre], le peuple encerclera immédiatement les bâtiments du Parlement et du gouvernement », avait prévenu M. Pachinian mercredi soir, devant ses partisans.

L’opposant Nikol Pachinian, jeudi 26 avril. / VANO SHLAMOV / AFP

La Russie comme médiatrice

Jusqu’alors, la Russie, qui absorbe environ un quart des exportations arméniennes et dispose d’une base militaire en Arménie, s’est tenue à l’écart de la crise. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répété jeudi qu’il s’agissait d’une « affaire intérieure arménienne ». Mais, mercredi, Vladimir Poutine et son homologue arménien, Armen Sarkissian (sans lien de parenté avec Serge Sarkissian), se sont entretenus par téléphone et ont appelé « toutes les forces politiques [arméniennes] à faire preuve de retenue et de responsabilité ».

Dans la foulée, le vice-premier ministre arménien, Armen Guevorkian, s’est rendu jeudi à Moscou pour des « consultations de travail » et devait rentrer dans la soirée à Erevan, la capitale de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud, selon un porte-parole du gouvernement arménien.

Quant au chef de la diplomatie arménienne, Edouard Nalbandian, il a lui aussi fait le voyage dans la capitale russe, où il a eu « une courte rencontre » avec son homologue Sergueï Lavrov, a déclaré la porte-parole du ministère des affaires étrangères russe, Maria Zakharova.

Nikol Pachinian, chef de file de la contestation contre l’ancien président — et désormais ancien premier ministre — Serge Sarkissian et contre son parti au pouvoir, s’était rendu mercredi à l’ambassade de Russie en Arménie pour « discuter de la situation à Erevan et dans le pays », selon un communiqué de la mission diplomatique russe.

« La partie russe a appelé les organisateurs des manifestations et des défilés à un dialogue constructif avec les autorités en place et avec les autres forces politiques », a fait savoir l’ambassade, soulignant que « la situation ne doit être réglée que dans le cadre du champ constitutionnel ».

Le parti Républicain favori

Signe des tensions au sein du pouvoir, les ministres de l’éducation, de l’écologie et du développement régional ont annoncé jeudi qu’ils quittaient le gouvernement, leur parti ayant abandonné la coalition au pouvoir la veille.

Mais l’issue de l’élection du 1er mai reste peu favorable aux opposants si de nouvelles élections législatives anticipées ne sont pas organisées. Au Parlement, un candidat a besoin de 53 voix pour être élu. Nikol Pachinian ne peut actuellement compter que sur le soutien de 40 députés, selon un responsable du bloc Yelk. Le Parti républicain au pouvoir, dispose, lui, de 58 sièges et a, théoriquement, toutes les chances de faire élire à nouveau son candidat.