Manifestation contre l’antisémitisme, à Berlin, le 25 avril 2018. / FABRIZIO BENSCH / REUTERS

Markus n’est pas juif et « c’est justement pour cela qu’il est venu ». Mercredi 25 avril, cet infirmier « 100 % athée » n’a « pas hésité une seconde » à participer au rassemblement organisé devant le siège de la communauté juive berlinoise, huit jours après l’agression d’un jeune Israélien – d’origine arabe – qui se promenait avec une kippa sur la tête dans la capitale allemande.

« Il y a en ce moment une montée de l’antisémitisme un peu partout en Europe. Je ne pense pas que ce soit pire ici qu’ailleurs. Mais, en tant qu’Allemand, il m’est particulièrement insupportable de savoir qu’on peut se faire attaquer à Berlin parce qu’on est juif », explique Markus.

Environ 2 500 personnes ont participé à ce rassemblement, sous le mot d’ordre : « Berlin porte une kippa ». Plusieurs responsables politiques, comme le maire social-démocrate de la ville, Michaël Müller, ou le président du groupe conservateur au Bundestag, Volker Kauder, étaient présents.

« Oui, c’est grave »

« Ici, en Allemagne, nous nous sommes un peu trop habitués à certaines choses. Un peu d’antisémitisme ici, un peu de racisme par-là, un peu d’islamophobie ailleurs, au fond, est-ce que tout cela est si grave ? Oui, c’est grave », a déclaré le président du Conseil central des juifs d’Allemagne, Josef Schuster. La veille, il avait « déconseillé » le port de la kippa dans les grandes villes pour des raisons de sécurité.

D’autres manifestations du même type se sont tenues, mercredi, à Cologne et à Francfort notamment. A Berlin, dans le quartier populaire de Neukölln, un petit rassemblement contre l’antisémitisme a été dissous après que des inconnus ont traité les participants de « terroristes » et ont arraché un drapeau israélien, a indiqué la police.

Le même jour, la Fédération de l’industrie musicale allemande a annoncé la suppression des prix Echo, l’équivalent des Victoires de la musique outre-Rhin. Cette décision a été prise après le scandale suscité par la remise de cette récompense aux rappeurs allemands Kollegah et Farid Bang, le 12 avril, dont l’une des chansons évoque « mon corps plus dessiné que ceux des prisonniers d’Auschwitz », tandis qu’une autre appelle à « commettre à nouveau un Holocauste ».

Plusieurs artistes avaient décidé de rendre leurs propres prix Echo, en signe de protestation. Ce fut notamment le cas du chef d’orchestre et pianiste israélo-argentin Daniel Barenboim, sept fois lauréat du prix, qui s’est indigné que soient récompensés des chanteurs dont les textes sont « ouvertement antisémites, misogynes, homophobes et d’une façon générale méprisants pour la dignité humaine ».