Le ministre des affaires étrangères pakistanais destitué, Khawaja Asif, le 2 avril 2018. / B.K. Bangash / AP

C’est un nouveau coup dur porté au parti au pouvoir à quelques mois des élections législatives. La justice pakistanaise a destitué le ministre des affaires étrangères Khawaja Asif pour violation des règles électorales. « La personne poursuivie n’était pas qualifiée pour disputer les élections législatives de 2013 », a affirmé la Haute-Cour d’Islamabad dans une décision rendue jeudi 26 avril, dont l’Agence France-Presse a eu copie.

Au Pakistan, seuls les membres de l’Assemblée nationale peuvent être nommés ministres. Khawaja Asif ayant été déchu de ses fonctions de député, il est également contraint d’abandonner son portefeuille ministériel. Auparavant ministre de la défense, M. Asif a été déclaré coupable de ne pas avoir déclaré plusieurs permis de travail dont il disposait aux Emirats arabes unis, en violation de la loi électorale pakistanaise.

« Conspiration »

Pour le camp du ministre, l’affaire n’est pas sans rappeler celle de la destitution, en juillet dernier, de l’ancien premier ministre Nawaz Sharif, accusé de corruption. La justice l’a, depuis lors, interdit de diriger le parti qu’il a créé (PMLN, Ligue musulmane pakistanaise), puis de participer à tout scrutin à vie.

« Pendez-les, envoyez-les en exil, mettez-les derrière les barreaux (…) ceci n’est fait qu’à des personnalités politiques [au pouvoir] et à des représentants élus et tout le monde sait qui fait cela », a d’ailleurs réagi l’ancien chef du gouvernement jeudi devant des employés du PMLN à Islamabad.

Aucun des quinze premiers ministres ayant dirigé le Pakistan au cours de ses soixante-dix ans d’histoire mouvementée n’a réussi à aller au terme de son mandat de cinq ans. Mais le clan Sharif nie toute malversation et suggère que Nawaz Sharif est victime d’une conspiration ourdie par la puissante armée pakistanaise, dont il est un ennemi juré.

M. Asif, proche de Nawaz Sharif et cadre du PMLN, est également considéré comme un pourfendeur des interventions de l’armée dans la vie politique pakistanaise. Il avait remporté quatre scrutins successifs jusqu’à celui de 2013.

Des élections législatives, pour lesquelles le PMLN faisait jusqu’alors figure de favori, doivent se dérouler dans quelques mois au Pakistan. La date du scrutin n’a toutefois pas encore été communiquée par les autorités, mais l’opposition s’est réjouie de cette nouvelle destitution. « Cette décision est une grande victoire pour le PTI », la formation d’Imran Khan, principal challenger du futur scrutin législatif, a déclaré son porte-parole Fawad Chaudhry.