Image prise d'un drone DJI lors du Tour de Corse, étape nationale du championnat du monde des rallyes 2018, couru du 5 au 8 avril. / DJI

Si le risque est inhérent à la vie des pilotes de rallye, il ne devrait pas en être de même pour celles des photographes et des cameramans. Malheureusement, le secteur ultra-concurrentiel de l’image ne pousse pas toujours ses acteurs à la prudence, comme l’ont rappelé la mort d’un photographe espagnol amateur, lors de la première spéciale du Monte Carlo 2017, ou celle du photojournaliste Stéphane Guraudi sur le rallye Mer et Maquis de novembre 2016. Alors que se déroule le rallye d’Argentine du jeudi 26 au dimanche 29 avril, le drone, alternative venue du ciel, permet à son pilote-cameraman de travailler en toute sécurité et de fournir des images dynamiques totalement inédites à partir de points de vue jusqu’alors inaccessibles. Pionniers, le constructeur chinois de drones DJI et le championnat du monde des rallyes (WRC) sont associés depuis le Monte Carlo 2016, pour le meilleur, et encore le meilleur.

« Tout a commencé lors d’un test au rallye d’Allemagne de 2015. Cet essai fut tellement concluant que nous avons décidé de sceller ce partenariat pour trois ans », rapporte Olivier Mondon, responsable en communication chez DJI. Créé en 2006 à Shenzen, DJI est devenu en moins d’une décennie leader mondial du drone de loisir. Totalement novice, la jeune Néerlandaise Janneke Rozendaal est alors chargée du développement avec le WRC.

WRC Rally Sweden 2018 | DJI HIGHLIGHTS
Durée : 02:35

La Fédération de l’automobile voit à l’époque dans les drones la possibilité de tenter de palier le déficit d’image dont souffre le rallye. Traversant des paysages hétérogènes, sur des routes parfois difficiles d’accès, il apparaît comme le moins télégénique des sports mécaniques. Par ailleurs, les images dynamiques obtenues par drones collent à « l’esprit rallyes ». Et leur retransmission par streaming en ligne, sur la chaîne WRC+, repositionne le WRC en tête de la course numérique.

A force de suivre – et de précéder – chaque étape du championnat à travers le monde des rallyes depuis trois ans, Janneke Rozendaal et ses équipes sont aujourd’hui de vrais spécialistes. Derrière le fun, la précision et le respect des règles prédominent.

Le choix des emplacements est essentiel. Trois mois avant chaque course, Janneke Rozendaal fait une première reconnaissance. « Nous recevons ensuite une liste de 20 à 40 emplacements possibles, pour en sélectionner finalement en moyenne 12 par rallye. » Deux jours avant le shakedown (essais), les accès aux routes et les emplacements des spectateurs sont finalisés. L’équipe du WRC affine sa recommandation auprès de DJI, qui valide. Les lieux privilégiés sont ceux où les voitures ralentissent pour mieux accélérer ensuite, comme une épingle à cheveu, les tremplins ou un virage en « S ». « Il faut que nous soyons éloignés des agglomérations », précise Janneke Rozendaal, excepté lorsqu’ils ont l’autorisation de filmer en ville, comme à Mexico City : « Nous avons pris une séquence en plan continu inoubliable au-dessus du Zocalo ! », la place nationale, plus habituée à recevoir les chefs d’Etat que les concurrents d’un rallye.

DJI - WRC - Mexico 2018
Durée : 02:28

L’autorisation de voler est demandée en amont par le WRC. Les hélicos savent exactement où DJI filme. Pour accentuer la sécurité en vol, le Chinois recourt à plusieurs systèmes, dont « le système de géofencing GPS pour aider les pilotes à éviter les zones sensibles [comme les aéroports], les fonctions de retour automatique au point de décollage et des systèmes de détection et d’évitement d’obstacles de plus en plus perfectionnés », détaille Janneke Rozendaal.

Autre difficulté : les conditions météorologiques. Entre les − 20 °C possibles en Suède, et les 40 °C en Australie, la technologie a là aussi dû s’adapter. Ainsi les moniteurs DJI CrystalSky améliorent la netteté des images au soleil, et augmentent l’autonomie de la batterie par grand froid – chacun peut constater avec son smartphone que la batterie se vide à vitesse grand V dès que la température passe sous 0 degré. La météo est un vrai défi pour les drones, qui ne volent ni sous la pluie ni lorsque le vent dépasse 10 m/s, soit 36 km/h. Mais aussi pour les hommes.

Chaque drone nécessite un pilote et un opérateur. Ce dernier oriente la caméra multidirectionnelle, capable de tourner à 360 degrés. Généralement l’opérateur supervise deux drones. Positionné à mi-hauteur entre l’hélicoptère et le sol, le pilote tente de suivre la voiture. « La difficulté, c’est la vitesse. Il faut aller très vite, filmer vite et suivre la voiture autant que possible », témoigne Ferdinand Wolf, directeur artistique de DJI Studio Europe. La vitesse, point commun entre pilotes de drones et pilotes de voitures. « Nos pilotes adorent le WRC et les pilotes du WRC adorent les drones. Nous sommes toujours très amusés de voir comment ces deux mondes se prennent d’affection l’un l’autre », confirme Janneke Rozendaal.

DJI Technologies - Aerial Analysis
Durée : 03:12

Les vidéos finalisées sont toutes la propriété du WRC, et seules celles agréées par le championnat sont consultables sur le site, sur YouTube, ou sur la chaîne de streaming en ligne WRC+, qui propose aussi, depuis 2016, les vidéos embarquées en direct et en replay. Des images à sensation visibles depuis un ordinateur, smartphone ou tablette, qui renouvellent le public au-delà des fans.